Les députés tunisiens ont voté, dans la nuit de mardi à mercredi, la confiance à un nouveau gouvernement composé de compétences indépendantes, sur fond de dissonances entre les principaux acteurs politiques du pays.
Après plus de 15 heures de débat, l’Assemblée des représentants du peuple a approuvé le gouvernement de Mechichi par 134 voix pour, 67 contre et 0 abstention, sur un total de 201 députés présents.
S’exprimant à l’ouverture de la séance plénière, M. Mechichi a affirmé vouloir arrêter l' »hémorragie » des finances publiques, réformer l’administration tunisienne, préserver le pouvoir d’achat et protéger les plus démunis.
Il a aussi souligné que le travail des membres de son équipe sera soumis à un suivi périodique devant permettre d’évaluer leur rendement gouvernemental et de s’assurer de la réalisation des objectifs fixés.
M. Mechichi a aussi promis de prendre les mesures nécessaires pour apporter les changements qui s’imposent, dans le strict respect de la Constitution et des lois en vigueur.
Il a par ailleurs souligné son engagement personnel à travailler, de façon constructive, avec tous les partis politiques et les organisations nationales, étant convaincu du rôle de toutes les forces vives au service de la patrie.
Cependant, le gouvernement Mechichi a obtenu la confiance des députés sur fond de dissonances entre les principaux acteurs politiques du pays.
Lundi soir, le président de « Qalb Tounes », Nabil Karoui, a assuré que le président tunisien, Kaïs Saïed a prévenu les chefs des partis, lors de la réunion qu’il a eue lundi avec eux, qu’il était hors de question de valider le gouvernement Mechichi à l’Assemblée des représentants du peuple, pour revenir quelques temps plus tard demander à le modifier, ajoutant que la situation en Tunisie ne peut plus souffrir une telle instabilité politique.
Selon un communiqué de la présidence de la République, Kaïs Saïed a signifié à ses invités que « l’Etat et ses institutions doivent être placés au dessus de tout calcul d’intérêts », et que « les revendications du peuple doivent être une finalité pour chaque responsable au sein de l’Etat ».
Au total, le gouvernement Mechichi est composé de 25 ministres et de trois secrétaires d’Etat, dont huit femmes. Si les députés n’avaient pas voté la confiance au gouvernement, le président Kais Saied aurait pu dissoudre l’Assemblée, entraînant des élections début 2021.
Ce nouveau gouvernement succède à celui d’Elyes Fakhfakh, qui a démissionné le 15 juillet 2020 à la demande du président Saïed, après le dépôt d’une motion de censure par 105 députés, membres notamment d’Ennahdha et de « Qalb Tounes ».
Ayant obtenu la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple, le Président de la République va procéder sans délai à la nomination du chef du gouvernement et de ses membres, qui vont prêter un serment devant lui, selon la Constitution tunisienne.