« Il faut arrêter de viser les partis politiques, sinon personne ne se présentera aux élections », a averti le député islamiste Abdellah Bouanou, lors d’un colloque organisé samedi 29 août à Rabat, par la Jeunesse PJD, sous le thème « le Climat politique national en perspective des échéances électorales de 2021 ».
Cette déclaration délibérément victimaire, puisant dans le lexique éculé du « conspirationnisme », autant que la célèbre formule des « lutins et crocodiles » servie par l’ex-chef du PJD et du gouvernement, Abdelilah Benkirane, ne convainc plus personne. Au contraire, elle risque de produire l’effet inverse en aggravant le sentiment de « désaffection » qui constitue un sujet de préoccupation majeur à l’orée de 2021, année de toutes les élections (législatives, communales, régionales, etc).
Décryptons: si les partis politiques n’ont pu se hisser à la hauteur de leur rôle constitutionnel, soit l’encadrement et l’accompagnement des revendications du citoyen, c’est parce qu’ils étaient visés!
Par qui, alors?
M. Bouanou place les médias dans son collimateur, leur reprochant d’inculquer au citoyen le sentiment que « les partis politiques ne font rien », voire « ne servent à rien »!! Il en veut pour exemple et preuve quelques couvertures médiatiques où des confrères épinglent les ministres « qui travaillent » et les autres qui « traînent les pieds »!
Autrement dit, les ministres issus d’autres partis que le PJD jouissent d’un traitement de faveur, au détriment de ceux de la Lampe!!
M. Bouanou oublie à l’insu de son gré que c’est son parti qui conduit la majorité et qu’à ce titre, il a des comptes à rendre au nom de toute la coalition gouvernementale.
Reddition des comptes, pas un slogan, une obligation
Voici le coeur du problème. Après sa longue tirade sur les médias, vecteur présumé du conspirationniste contre les partis, le PJD en particulier, voilà M. Bouanou se dédire et toucher du doigt l’une des causes principales de la désaffection populaire à l’égard de « la chose politique ». « Les prochaines échéances électorales posent de nombreux défis, à leur tête l’achat des voix », pointe-t-il.
Rien que ça?
Qu’en est-il du bilan décennal terne du PJD à la tête du gouvernement, qui s’est démarqué par une politique sévèrement anti-sociale?
Est-ce avec des slogans genre « armez-vous de patience! » arboré par M. El Othmani que vous entendez dissiper le malaise social rampant?
Cause toujours, tu nous intéresses!