A l’aube d’un nouveau modèle de développement , nous tardons à voir un positionnement clair du secteur culturel et créatif dans le Maroc de demain.
Au-delà des discours, le « secteur » culturel n’en est pas (encore) un, selon la définition économique classique.
Qui dit secteur dit valeur ajoutée dans le PIB ; alors que chez nous, c’est plutôt ce que dépense l’État ; entre 0,25 et 0,30% de notre produit intérieur en 2016, contre 0,53 en Algérie et 0,71% en Tunisie.
Alors qu’une récente étude en France a prouvé que ledit secteur culturel et industries créatives contribueraient à hauteur de 3,2% du PIB, sept fois plus que l’industrie automobile et générerait 2,5% de l’emploi dans le pays.
Comparaison n’est pas raison certes ; et nous en sommes loin puisqu’un secteur dit économique est générateur non seulement de richesse mais également d’emploi… et nous savons pertinemment « l’employabilité » des artistes et les professions artistiques ; preuve en est la crise du Covid-19.
Ces derniers ont été effectivement (en grande majorité) décomptés comme des travailleurs du secteur informel ; pour celles et ceux qui ne sont ni fonctionnaires ni employés du secteur privé.
Troisième point concernant la notion économique d’un secteur, la réglementation… les textes réglementaires régissant le secteur tardent à être mis en application.
La loi n°68-16 relative à l’artiste et aux professions artistiques a certes été votée le 19 septembre 2016, avec pour finalité la protection sociale prévue par le Code du travail marocain et le régime de sécurité sociale. Ces dispositions nécessaires, nos artistes les attendent toujours.
Idem pour la loi n° 2-00 relative aux droits d’auteur et droits voisins, complétée et modifiée par la loi numéro 66.19 régissant le secteur de la propriété littéraire et artistique.
En somme, un secteur qui n’en est pas vraiment un, dont les acteurs et professionnels tentent tant bien que mal de survivre croûte que croûte ne peut laisser place à une réelle création, ni compétitivité se plaçant ainsi en pôle position tant sur le plan créatif qu’économique.
Sachant que nous avons eu et avons toujours des artistes de carrure internationale, il est dommage qu’ils n’aient pas au 21ème siècle les moyens de pratiquer leur art dignement, hissant ainsi notre culture à un niveau international honorable.
De plus, les exemples sont légion d’initiatives culturelles locales génératrices de revenus et participant à dynamiser le tourisme national et l’emploi local. Selon une une étude menée par la Fondation Valyans en 2014, le festival Essaouira Gnaoua et Musiques du monde a généré 17 dh pour chaque dirham investi au profit de la cité des Alizés ; en plus de l’augmentation significative de la capacité litière et du nombre de nuitées.
Hélas, les quelques exemples de réussite, qui devraient inspirer une politique globale à l’échelle nationale, ne sont pour le moment que les exceptions en attendant d’écrire une règle digne de notre pays, son patrimoine ancestral et ses identités multiculturelles.