
Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Alors que le Maroc s’illustre sur la scène internationale par ses ambitions et ses succès, une réalité demeure : la stabilité profonde du Royaume se joue sur le front de l’eau. Si les récentes pluies et neiges offrent un répit vital, elles soulignent surtout l’importance d’une stratégie nationale alliant gestion des ressources naturelles et innovation technologique, notamment à travers le dessalement de l’eau de mer.
Un soulagement immédiat pour le monde rural.
Les récentes précipitations sont une bouffée d’oxygène pour l’agriculture bour. Pour les petits agriculteurs, ces pluies signifient la survie des céréales d’automne et des légumineuses. Ce « don du ciel » réduit l’endettement rural et garantit une sécurité alimentaire de base, tandis que la neige, véritable réserve stratégique, assure une recharge lente des nappes et le maintien des cours d’eau pour le printemps.
Le dessalement : l’assurance-vie contre l’aléa climatique.
Toutefois, face à une sécheresse devenue structurelle, le Maroc a compris que l’attente de la pluie ne pouvait plus constituer une politique d’État. C’est ici qu’intervient la désalinisation des eaux de mer et d’océan, véritable fer de lance de la nouvelle politique hydrique :
Sécurisation de l’eau potable : Des méga-projets comme la station de dessalement de Casablanca (la plus grande d’Afrique) ou celle d’Agadir permettent de déconnecter l’approvisionnement en eau potable des grandes métropoles de la dépendance aux barrages.
Préservation de l’agriculture irriguée : En utilisant l’eau dessalée pour l’irrigation, le Maroc préserve ses zones de cultures à haute valeur ajoutée sans épuiser les nappes phréatiques déjà fragilisées.
Souveraineté et autonomie : En investissant massivement dans ces infrastructures, le pays transforme une contrainte géographique (la rareté de l’eau douce) en une opportunité industrielle, visant à garantir une autonomie hydrique indépendante des cycles de précipitations.
Forêts et Élevage : La nature reprend ses droits
En parallèle de ces efforts technologiques, la pluie permet la régénération des parcours pastoraux. Le reverdissement des pâturages soulage immédiatement les éleveurs en réduisant les coûts de l’alimentation du bétail, tout en freinant l’érosion des sols et la désertification dans les zones montagneuses et enclavées.
Un modèle hybride pour une stabilité durable.
La victoire nationale ne repose plus uniquement sur un bon hivernage. Elle réside dans ce modèle hybride :
Optimiser chaque goutte de pluie et chaque flocon de neige.
Accélérer les projets de dessalement et d’interconnexion des bassins hydrauliques (« l’autoroute de l’eau »).
Promouvoir une gestion équitable et sobre de la ressource.
Conclusion : L’eau, socle de la souveraineté.
Le Maroc peut remporter des victoires historiques, mais sa pérennité dépend de sa résilience hydrique. La pluie apporte l’espoir et la vie immédiate, mais le dessalement apporte la sécurité et la vision à long terme. La véritable victoire nationale est celle d’un Maroc capable de transformer son climat difficile en un moteur de développement, où chaque citoyen, du petit agriculteur de l’Atlas au citadin des côtes, a accès à cette ressource vitale.





