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A la mémoire de SAFAA et de CHADA, décédées dans un tragique accident aux environs de Ksar El-Kebir

L'émouvant hommage de Mohammed El Qandil à ses collègues regrettées

Lundi 24 novembre 2025, deux inspectrices de l’Education nationale, Safaa Ziani et Chada Serghini Laklili, ont trouvé la mort alors qu’elles rentraient d’une mission de travail aux environs de Ksar El Kebir, à bord d’une voiture de service vétuste. 

Ce décès a provoqué une onde de choc au sein de la famille de l’Education nationale et de la population locale. 

En cette circonstance douloureuse, l’écrivain Mohammed EL QANDIL, également inspecteur de travail, rend un émouvant hommage à ses collègues regrettées.  

Par: Mohammed El Qandil *

 

Il pleut sur la ville.

Il pleut tout autour. Des gouttelettes d’eau déambulent le long de la vitre, différentes. Hautaines. Presque révoltantes à force d’entêtement criard. Des gouttes d’amertume, de tristesse, les suivent à l’intérieur. On n’y peut rien : la vie prend sa revanche pour l’amour que nous lui vouons.

Il pleut sur la ville.

Sur les hommes. Sur la nature. Sur les terrains vagues et déserts. Sur deux femmes toutes jeunes. Innocentes. Pleines de vie. De rêves. Sourire aux lèvres, elles sont parties travailler loin de chez elles. Nul accueil ne les attendait. Nulle verdeur, à part celle de la dernière pluie qui frappa La campagne. A part ces yeux brillants d’écoliers qui gratifient, à tout bout de champ, les visiteuses étrangères.

Ces femmes ne rentreront pas chez elles !

Il pleut sur la ville.

Et sur cette voiture qui emmena ces deux collègues à la dernière demeure. Qui les céda, sous le pont, à l’ombre de la grande quiétude. La voiture a livré sa dernière bataille. Dit son dernier mot. Elle qui mérite le musée des belles carcasses il y a si longtemps.

Responsabilité déclarée ? Silence de mort. Que vive l’oubli !

S’est éteint ainsi le secret de l’aube qui enveloppa les deux femmes dès leur naissance. Le petit bonheur – combien grand et profond- d’une famille qui attend au seuil de tout amour.

Il pleut sur la ville.

Comme il pleut dans nos cœurs.

Les enfants attendront les dernières nouvelles de leurs mamans. Les parents aussi. Elles vont bien je suppose. De là où elles sont, un paradis penche vers nous, nous réconforte dans cette perte qui n’aura jamais de nom. De là où elles sont, elles nous recommandent ceux et celles qui attendent le savoir, la science, la valeur des choses qui animent, et l’espoir qui gît au fond des petits…

Il pleut sur la ville.

Ce soir, il me plait de croire que deux étoiles veilleront sur nous, à jamais !

La nuit, elles brilleront plus que les autres me semble-t-il. Nous diront de ne pas céder au chagrin du moment. Décevoir ceux qui attendent la bougie de la connaissance.

Les honorer, serait continuer à éclairer.

Là, peut-être, la pluie cessera de battre dans nos cœurs et dans nos mémoires !

*Poète, chercheur en littérature et arts plastiques /Inspecteur pédagogique 

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