
Par: Marco BARATTO ☆

Le Maroc d’aujourd’hui s’impose comme l’un des pays les plus dynamiques et les plus complexes du bassin méditerranéen. Fort d’une jeunesse nombreuse et instruite, le Royaume dispose d’un atout démographique majeur, mais aussi d’un défi considérable : transformer cette énergie humaine en véritable moteur de croissance, de justice sociale et de cohésion nationale. Car si les perspectives économiques demeurent encourageantes, les chiffres rappellent que le chemin vers un développement pleinement inclusif reste à consolider.
Selon les dernières données de Bank Al-Maghrib, le taux de chômage des jeunes a atteint 47 % au deuxième trimestre 2025, un niveau préoccupant qui illustre les difficultés persistantes du marché du travail à absorber les nouvelles générations. Cette réalité met en lumière la nécessité d’un effort collectif, où chaque institution doit agir dans l’esprit de responsabilité et d’efficacité prôné par le Souverain. Sur le plan économique, la stabilité du Maroc demeure remarquable. Le produit intérieur brut s’élève à environ 154 milliards de dollars, tandis que la croissance en 2024 a atteint 3,2 %, selon le FMI. Les prévisions pour 2025 annoncent un retour modéré de l’inflation à 2,2 % — un signe de vigilance économique mais aussi de résilience. Ces données confirment que le Maroc avance avec prudence dans un environnement mondial incertain, en cherchant à maintenir un équilibre entre performance économique et équité sociale.
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu l’ouverture de la session d’automne du Parlement marocain, présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cet événement, comme le veut la tradition du Royaume, ne se limite pas à un exercice protocolaire : il représente un moment de vérité et d’orientation pour la Nation. Le discours royal, d’une grande clarté et d’une profonde vision, a rappelé aux représentants du peuple et au gouvernement l’essence même de leur mission : servir le citoyen et transformer les ambitions du Maroc en réalisations tangibles. Le Roi, garant de la Constitution et de l’unité nationale, n’intervient pas dans la joute politique quotidienne. Mais il exerce un rôle d’arbitre et de guide moral, définissant les lignes directrices d’un projet national à long terme.
Lors de son allocution, le Souverain a affirmé : « Il ne doit y avoir ni contradiction ni concurrence entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux, dès lors que l’objectif est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens». Cette phrase résume la philosophie du règne de Mohammed VI : modernisation et justice sociale ne s’opposent pas, elles se complètent. Le Souverain invite ainsi le gouvernement à agir avec cohérence, en veillant à ce que chaque investissement, chaque réforme, chaque initiative publique contribue à réduire les inégalités et à renforcer la dignité des Marocains.
Le Roi a également insisté sur la nécessité d’« encourager les initiatives économiques locales, d’offrir des opportunités d’emploi aux jeunes, de promouvoir les secteurs de l’éducation et de la santé et de réaménager les territoires ». Ces priorités traduisent une vision intégrée du développement : un Maroc équilibré, où la prospérité de Casablanca ou Tanger ne doit pas faire oublier les besoins du Rif, du Souss ou des provinces du Sud.
Depuis deux décennies, le Royaume a accompli des progrès considérables : infrastructures modernes, réseau autoroutier dense, projets énergétiques ambitieux comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate, et ouverture accrue sur les marchés internationaux. Ces réussites illustrent la constance et la prévoyance du modèle marocain. Pourtant, Mohammed VI a rappelé avec lucidité que la croissance économique n’a de sens que si elle améliore la vie de tous les citoyens, y compris dans les zones rurales ou périphériques encore fragiles.
Le style de gouvernance marocain repose sur une alliance singulière entre autorité et concertation. Le Roi exerce un rôle de garant et de médiateur : il veille au bon fonctionnement des institutions sans se substituer à elles. Cette stabilité, rare dans une région marquée par les crises, doit désormais être mise au service d’une nouvelle étape : celle de l’efficacité et de la proximité.
Le Souverain a adressé un message clair à la classe politique : le temps n’est plus aux promesses, mais à l’action. « Nous n’accepterons aucun compromis sur l’efficacité et le retour sur investissement », a-t-il averti, appelant à une mobilisation totale contre le gaspillage de ressources, de temps et d’énergie. Ce rappel à l’ordre est salutaire. Il met chaque responsable devant sa mission : agir avec transparence, rigueur et esprit de service.
Les réformes de la régionalisation avancée, de la décentralisation et du développement local doivent désormais se traduire en réalisations concrètes. Les élus et les gouvernements régionaux sont invités à incarner la proximité, à innover, à écouter les citoyens et à rendre des comptes. Le Roi leur tend la main, mais exige en retour un engagement sans faille.
Dans un contexte mondial incertain, la voie tracée par Mohammed VI offre au Maroc un cap clair : conjuguer modernité, stabilité et justice sociale. Ce modèle, fondé sur la continuité et le consensus, est une source d’inspiration pour d’autres nations. Il démontre qu’une monarchie peut être non seulement un symbole d’unité, mais aussi un moteur de progrès collectif. L’appel royal, empreint de sagesse et de réalisme, ne vise pas seulement à rappeler les principes, mais à provoquer un sursaut. La jeunesse marocaine, éduquée et ambitieuse, attend des résultats : des emplois, des opportunités, une reconnaissance. C’est à la classe politique, désormais, de répondre à cette attente, non par des discours, mais par des politiques concrètes et mesurables. Le Maroc dispose aujourd’hui de tous les atouts pour réussir : la stabilité, les ressources, le savoir-faire et la vision d’un Roi profondément attaché au bien-être de son peuple. L’avenir dépend de la capacité des responsables à traduire cette vision en actes, à transformer la jeunesse en capital humain et la croissance en bien-être partagé. Comme l’a souligné le Souverain, le développement n’est pas une simple addition de projets, mais une œuvre collective au service de la dignité et de l’équité. C’est ce message que le Roi adresse à toute la Nation : agir ensemble, avec sérieux et détermination, pour bâtir un Maroc où le progrès rime avec justice, et où chaque citoyen trouve sa place dans la marche du pays vers l’avenir.
☆Politologue italien





