Le paquet était trop gros pour la boîte aux lettres. Un touriste espagnol a été enlevé mercredi 15 janvier à Tamanrasset, sud de l’Algérie, par l’«Etat islamique dans le Grand Sahara» (EIGS, filiale sahélienne de Daech), et s’est retrouvé dimanche 19 janvier aux mains du « Front de Libération de l’Azawad » (FLA, mouvement indépendantiste, basé à Tinzaouatène, nord du Mali), qui a revendiqué sa « libération » et annoncé sa décision de le remettre aux autorités algériennes.
Décryptons : le touriste espagnol, qui s’appellerait « Navarro Gianni Gilbert », a été enlevé par «l’Etat islamique dans le Grand Sahara» à Tamanrasset. Cela veut dire que l’ »EIGS », qui a démonétise Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur l’échelle de l’horreur, circule librement et sans s’inquiéter en Algérie, laquelle continue de lui offrir le gîte au grand mépris de l’Europe et des Etats-Unis qui ont inscrit « l’EIGS » sur la liste noire des organisations terroristes.
L’EIGS, et ça, les services occidentaux ne le savent que trop, est le produit pur jus des services algériens. Pour s’en apercevoir, il suffit de méditer un tant soi peu sur les accointances de cette organisation terroriste avec la milice séparatiste du «polisario». Ce n’est surtout pas un hasard si le fondateur de l’ «EIGS» s’appelle Adnane Abou Walid al-Sahraoui, de son vrai nom Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani, lequel a servi dans les rangs de la soi-disant «armée populaire de libération sahraouie» avant de se convertir à l’activité terroriste ?
Voilà pour le «kidnappeur». Quant au «libérateur», le « Front de Libération de l’Azawad », est-il besoin de rappeler qu’il est totalement inféodé à l’agenda algérien hostile à l’intégrité territoriale du Mali, au même titre que le «polisario» pour le Maroc?
Pour revenir à l’affaire de « l’enlèvement »/ »Libération » du touriste espagnol, une question s’impose: Alger espérait-elle obtenir par le recours au kidnapping ce qu’elle n’a pu avoir par d’autres voies de chantage: suspension du «traité de bon voisinage et de coopération conclu en 2002 avec l’Espagne», rupture du contrat d’approvisionnement de l’Espagne via le tronçon marocain du gazoduc Maghreb-Europe, restrictions aux exportations et investissements espagnoles en Algérie… ?