Le feuilleton tragi-comique du ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, et sa secrétaire feue Jamila Bichr nous replonge dans la réalité amère d’un pays dont la loi marche à deux vitesses. Celle définie par la Constitution et les textes législatifs et l’autre qui abolit le droit et le devoir sur le terrain de la pratique à coups d’abus de pouvoir, de corruption, de clientélisme et de passe-droit. Le torchon signé et légalisé par le père de celle qui fut la principale responsable du cabinet de l’avocat-ministre en est un exemple flagrant. Car la famille Bichr n’avait pas à défendre l’employeur de leur fille qui est adulte et vacciné de surcroît un avocat qui peut plaider sa cause tout seul. Deuxièmement ce n’est pas au père et au frère de défendre la cause de feue Jamila car c’est la loi qui va lui rendre justice s’il s’avère qu’elle a été privée de ses droits.
Que Ramid ait demandé ou non au père de la secrétaire de faire ce « droit de réponse » ne compte pas car cette « approche » ne règle pas le problème. Bien au contraire, il l’amplifie et reconnaît de facto l’existence de l’infraction la plus grave dans cette affaire: l’avocat-ministre n’avait pas déclaré sa secrétaire à la CNSS pendant les 32 ans qu’elle a exercé dans son cabinet. Dans un gouvernement normalement constitué, c’est le ministre qui devait s’expliquer soit en avouant sa faute soit en faisant un démenti avec preuve à l’appui. Car il faut se rendre à l’évidence, cette affaire ne relève pas du seul PJD et de sa commission dite de la probité et de la transparence mais bel et bien du chef du gouvernement. Un Exécutif dont la réputation ne cesse d’être entachée par des scandales souvent provoqués par des ministres islamistes. Encore faut-il préciser que cette commission est présidée par le ministre Mustapha Ramid, celui-là même qui devait comparaitre devant son bureau.
On espère de tout cœur que l’avocat ne reprenne pas la justification faite par le père de Jamila Bichr en affirmant qu’il a voulu la déclarer à la CNSS mais c’est elle qui avait catégoriquement refusé cette offre. Non seulement le ministre tombera dans le ridicule car on ne trouvera pas un seul salarié dans le monde, jouissant de toutes ses facultés mentales, qui refuserait la couverture sociale et la garantie de sa retraite. Mais Ramid en reprenant cette thèse farfelue avouera de facto qu’il a violé la loi durant plus de trente ans en ne déclarant pas son employée à la CNSS.
Car la loi est catégorique sur ce sujet: «l’acte d’affiliation d’une entreprise est un acte administratif obligatoire qui doit intervenir au plus tard dans un délai d’un mois suivant l’engagement du premier salarié ou apprenti. L’immatriculation de chacun des salariés à la CNSS est une obligation légale ».
Autant dire que le ministre Mustapha Ramid n’a pas le choix ou bien il prouvera, documents à l’appui, qu’il avait respecté la loi, ou bien il démissionne comme il est d’usage dans les pays démocratiques. Dans le deuxième cas, l’inspection de la CNSS devrait faire les contrôles nécessaires et prendre les dispositions règlementaires à son encontre.