Il est vrai que, hormis quelques poignées de mains échangées au détour d’un escalier, quelques photos de famille prises sur le perron de l’Immeuble de huit étages d’Al Ittihad-Libé, Rue Émir Abdelkader, quartier Roches Noires, à Casa, où vous rendiez visite à vos journalistes… il est vrai que rien de «personnel» ne liait le modeste auteur de ces lignes à votre illustre personne… à part, – et c’est l’essentiel-, notre appartenance commune à cette chère patrie qu’est le MAROC, et cette intime conviction du bienfondé des idéaux de gauche que vous cultiviez chez l’«historien de l’instant» que j’allais devenir…
Non, je n’étais pas militant USFP… j’avais le coeur à gauche, mangeais avec la droite et avais la tête au milieu. Biologiquement, j’étais né (excusez l’évidence) avec un coeur à gauche!
Qui d’autre ne pouvait adhérer aux idéaux de gauche dès lors que cette même gauche était porteuse de progrès, de justice sociale, d’égalité des chances, de liberté d’opinion et de parole?
28 ans après, je n’ai certes nul regret d’avoir appartenu « au peuple de gauche ». Je n’ai d’ailleurs nulle envie de changer de camp, tellement j’y tiens et tiendrai à tout jamais à la famille au sein de laquelle j’ai grandi.
Or, après trois décennies ou presque, je réalise, la mort dans l’âme, que rien n’est comme avant. L’héritage de gauche, l’USFP en particulier, a été laminé. La Rose a perdu ses pétales pour n’en garder que les épines; le parti sur lequel votre modeste serviteur a fondé espoir est éraflé, autant que le sont ceux qui ont fait sa gloire, sa légende.
Las, ils ont sauté par-dessus bord, laissant le «Bateau ivre» tanguer au gré d’egos pachydermies pour le dévier de sa trajectoire que vous, Si Abderrahmane, aux côtés de feu Abderrahim Bouabid, entre autres « pères », avaient tracée.
Ni fleurs, ni couronnes, ni plaques, l’USFP va mal
Vous le saviez Si Abderrahmane, mais vous évitiez, -je le sentais-, de bousculer ceux et celles qui sont depuis quelque temps aux commandes. J’étais certain que vous souffriez en silence de voir la Rose se faner de jour en jour, de voir ses pétales emportées par les vents de l’incertitude. Mais votre sens de la démocratie, votre respect d’autrui, votre discrétion, votre retraite … vous interdisaient de porter les mots aux maux qui déchiraient (ma) chère famille ittihadie.
Maintenant que vous êtes parti, ma crainte est plus grave encore de voir le navire perdre sa direction, sa boussole, ses repères, ses idéaux, ses combats… au bénéfice de quelques individualités préoccupées davantage par leurs intérêts personnels étriqués que par le progrès du parti aujourd’hui en rupture avec… ses forces populaires… les forces qui ont fait son histoire… qui ont payé le prix pour combler les attentes du «peuple de gauche». Du peuple tout court.
Tirez enseignement des sacrifices de Si Abderrahmane, ô vous qui êtes aujourd’hui au gouvernail. Hissez-vous à la hauteur de ses sacrifices en faisant vôtre, comme il les eût fait siennes, les valeurs d’humilité, de déni de soi, de probité et d’intégrité.
Amen!