Dans un discours adressé aux Maliens à l’occasion du nouvel An, le président de la Transition Assimi Goïta a annoncé sa décision d’instaurer désormais « un dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation ».
Le maître de Bamako a ainsi de facto enterré « l’Accord d’Alger », officiellement dénommé « Accord pour la paix et la réconciliation au Mali », signé le 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako, après des négociations menées à Alger entre la République du Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Le Président colonel Assimi Goïta @GoitaAssimi souhaite favoriser « l’appropriation nationale du processus de paix », optant pour un dialogue direct « inter-malien ». A annoncé la création d’une commission nationale et inclusive pour reprendre en main le processus de paix. Tout peut… pic.twitter.com/e3oueAmqGs
— Radouan Bachiri (@BachiriRadouan) December 31, 2023
« Je tiens à souligner que l’unicité, la laïcité de l’État et l’intégrité du territoire ne feront pas partie des sujets de discussion ainsi que les 3 principes qui sous-tendent l’action publique du Mali », a précisé M. Goïta, en promettant de poursuivre la lutte contre les groupes terroristes, dont bon nombre sont « parrainés » par les services algériens.
La décision de M. Goïta intervient alors que les relations entre Bamako et Alger traversent une crise sans précédent. Lundi 18 décembre 2023, le président algérien Abdelmajid Tebboune avait accueilli le prédicateur salafiste Mahmoud Dicko, farouche opposant au gouvernement de transition malien qui rêve de créer un « Etat islamique au Sahel », provoquant ainsi l’ire des autorités maliennes. Alger multiplie « les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés, et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d’une part avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien, et d’autre part avec certains mouvements signataires » de l’accord de 2015 et « ayant choisi le camp des terroristes », avait contesté le MAE malien.
Le 22 décembre 2023, l’ambassadeur du Mali en Algérie avait été rappelé pour consultation à Bamako par « principe de réciprocité ».