CARNETS DE VOYAGE. PÉRIPLE DE PAIX EN MÉDITERRANÉE. « AU PAYS DES AIGLES »!!!

Un voile d’incertitude et de crainte vient jeter son ombre sur les mâts du navire. J’ai eu du mal à quitter ce bout de paradis, ces gens déchirés par tant de douleurs mais qui ont su rester dignes et souriants…

Qui a dit que les adieux sont difficiles?

Exit Kotor-Harbour, au Monténégro. Destination: «Shqipëria»… «Pays des aigles»… Albanie. L’un des plus petits et plus pauvres pays d’Europe, traînant au fil des siècles la réputation de pays guerrier, affecté par la pauvreté …

Pays montagneux d’Europe orientale, situé dans la péninsule des Balkans, l’Albanie ne faisait souvent parler d’elle qu’à travers le trafic de stupéfiants, la traite humaine… Elle portait encore les traces de longues années de règne communiste, incarné par le régime autoritaire d’Enver Hoxha (1944-1985), l’échec retentissant de ses successeurs à assurer la transition pacifique vers la démocratie et l’économie de marché…

Notre équipée du côté de «Saranda», ville située au sud de l’Albanie, n’était pas sans danger. Le 17 juillet 2003, 20 heures, un premier indice venait confirmer cette sombre impression. Le semblant de débarcadère, sur lequel le «Constanta» devait jeter les amarres, était trop étroit pour accueillir un navire de guerre. La patience du capitaine du destroyer était à l’épreuve. Le chef de manoeuvre a dû suer pour accoster la bête de guerre, sous le regard compassé des passagers.

On n’était toutefois pas au bout de nos peines. Le débarcadère était encombré de tonneaux et de grues rouillées, de rafiots et autres carcasses de voitures. Et comme pour en rajouter à ce beau décor, un bataillon de mendiants venait s’agglutiner autour de nos cous devant l’escalier à rampe de fer…

«Ça commence bien!», maugrée un pacifiste, à la descente du destroyer. Mais détrompons-nous, l’hospitalité est une valeur intrinsèque au peuple albanais musulman. Nos hôtes n’ont d’ailleurs lésiné sur aucun moyen pour nous accueillir convenablement.

Le jour de notre arrivée, ils nous ont gratifié d’une longue soirée festive autour d’un buffet des plus copieux et délicieux, organisé dans un château millénaire, surplombant l’une de ces magnifiques collines de Saranda.

Destination incontournable des passionnés du tourisme de montagne, recelant des paysages fantastiques, sauvages et naturels, des forêts exubérantes, cette ville offre une belle vue sur l’Adriatique. Limitée au nord-ouest et au nord par le Kosovo et le Monténégro, et à l’est par la Macédoine, et au sud par la Grèce, Saranda connaît le rush touristique pendant tout l’été.

Simplement, en dehors du tourisme, plombé par un déficit en infrastructures hôtelières, Saranda, comme la majorité des villes albanaises, est affectée par le dénuement. C’est ce que nous constaterons le lendemain de notre débarquement.

Le 18 juillet, à la première heure, deux minibus étaient venus nous récupérer. Objectif: nous faire découvrir les sites historiques de Saranda. Prenons l’état de la route qui devait nous conduire dans un temple situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, et laissons de côté l’inconfort du « quatre roues » qui devait nous servir de moyen de transport. Une simple carcasse jetée sur une voie qui ferait blêmir de peur le plus hardi des alpinistes!!! Un fil de rasoir !!!

Les passagers avaient du mal à regarder à travers les vitres tellement ils avaient le vertige. Quand il arrivait aux plus aguerris d’entre eux de le faire, c’était pour constater qu’en bord de route, étaient dressées des stèles marbrées en mémoire des victimes des accidents de la route!!!

Après notre équipée à travers monts et vallées, retour en début d’après-midi au port de Saranda. Sur le journal de bord du navire de guerre, une annonce du départ le soir du 18 juillet. Il nous restait toutefois  une demi-journée pour faire un petit tour de Saranda.

Pour en profiter, nous nous sommes passé du petit déjeuner servi par nos hôtes roumains. A 15 heures, après une demi-heure de trotte sous un soleil de plomb, une petite pause dans un restaurant où nous avons mangé à notre faim. Le restaurant où nous nous sommes attablés n’était certes pas branché. Mais le menu était trois fois moins cher que celui pratiqué dans les pays de l’Europe de l’Ouest. Ce qui était valable pour le menu l’était également pour les objets d’artisanat: T-shirts au teint rouge foncé, statuettes en forme d’aigles, symbole national albanais, porte-clés, petits plats en bois représentant les plages sauvages de cette région et autres tissus albanais vendus à des prix modiques…