Le 9 juillet, cap sur la république de Malte, le plus petit État d’Europe situé à mi-chemin entre la Sicile en Italie et la côte d’Afrique du Nord. À l’arrivée au port «La Valette», grande était notre surprise de voir exploser spontanément une joie populaire jusque-là inédite. Pendant les manoeuvres de l’accostage, entonne majestueusement l-Innu Malti, l’hymne national de Malte, originellement un chant scolaire sous forme de prière.
Passé ce moment, place aux spectacles sur échasses, sur fond de mélodies très rythmées interprétées par la fanfare municipale de la Valette, ouvrant ainsi la voie aux spectacles dont des jeux de cirque et des numéros de clowns. Au milieu de ce décor haut en couleurs locales, surgit une poignée d’enfants portant des jabadors bleu nuit, avec aux pieds des babouches jaunes sans oublier ces couvre-chef masculin en feutre, souvent rouge, en forme de cône tronqué; oui, ces fèz qu’on appelle communément « tarbouche ».
Je me serais cru en effet à Fès, Meknès ou Marrakech, n’eût été cette appartenance maltaise à l’Union européenne. L’archipel, à mi-chemin entre Tripoli et Syracuse, fut occupé par les Arabes pendant 100 ans. Il a su garder les traces de la présence arabe, perceptible à travers non seulement ses imposants édifices historiques mais aussi l’accent de la population maltaise. Dans le discours de bienvenue prononcé par un représentant de l’Ordre de Malte, j’ai relevé non sans intérêt la présence de quelques emprunts arabes tels «LILA» (soirée), «MERHBA» (bienvenue)…
La langue maltaise témoigne du prestige arabe centenaire sur l’archipel. Néanmoins, la langue de l’ancien colon britannique, après le maltais, demeure la plus répandue dans la «Repubblika ta Malta».
Au-delà de la langue, les Britanniques ont beaucoup influencé le mode de vie sur le Rocher. Pour s’en rendre compte, il n’est qu’à constater que les Maltais, à l’instar des Britanniques, conduisent à droite!!!
Au centre de la Valette, capitale de ce petit pays de 493 559 habitants, grande était notre envie de découvrir ces vieux bus anglais repeints en orange, ces vieilles guimbardes de tous âges, serpentant des sites parmi les plus anciens au monde.
Bons vivants, les Maltais ont converti ces sites en espaces d’animation. Le 10 juillet, au soir, le centre de la Valette prenait la forme d’une immense salle de fête en plein air. L’art urbain prend ici son plein sens. Etes-vous dans un restaurant, sur une terrasse de café, un jardin public, vous êtes assailli de musiciens ; êtes-vous accompagné d’enfants, ils sont le « joujou » des clowns, prestidigitateurs ; vous trouvez-vous devant une estrade de festival aménagée à ciel ouvert, vous êtes immanquablement invité à une partie de danse ; partout où nous nous sommes rendus, des amuseurs, des ambianceurs, des marchands de bonheur, des passeurs d’émotion… Les Maltais incarnent à merveille cet esprit de générosité et de partage, cette remarquable joie de vivre, chevillée corps et âme aux peuples méditerranéens.
Simplement, le peuple maltais, alors candidat à l’Europe des 25, était démuni ; sa principale activité économique, était le tourisme. Destination privilégiée des quêteurs de fortes sensations, l’archipel draine des touristes des quatre coins du monde. Le rush est tel qu’il pose souvent des problèmes de transport et d’hébergement!
Après une seule et unique nuitée dans un hôtel de la Valette, les passagers sont priés le lendemain de faire leurs valises et les déposer dès les premières heures sur le navire de guerre. Le départ était prévu le soir. Nous avions toutefois une journée pour faire nos courses dans le centre-ville.
Or voilà, la vie dans l’archipel est très chère. Les imprudents ont claqué leurs petites fortunes en contrepartie de quelques objets artisanaux. Un simple coup de fil, dans les fameuses cabines téléphoniques à l’anglaise, est monnayé au prix d’or. Une simple carte postale vous coûte deux euros. On vous fait «cadeau» des célèbres chapeaux de paille et tout, et tout. En dehors de la vie chère, l’étape maltaise a marqué les esprits… et restera peut-être inoubliable.