« Avec le soutien de Téhéran et de Moscou, un axe formé par l’Algérie, la Tunisie et le Mali se forme contre le Maroc » (le décryptage du journaliste espagnol Antonio Navarro Amuedo)

Dans un article publié hier dimanche 9 octobre dans le site d’information « Nius Diario« , Antonio Navarro Amuedo, journaliste espagnol spécialiste du Maghreb, déconstruit « l’ambition africaine de l’Iran au Maghreb ». « Encouragée par le retrait occidental de régions comme le Sahel et souvent main dans la main avec la Russie, la République islamique d’Iran veut profiter du sentiment anti-occidental endémique dans de vastes parties de l’Afrique de l’Ouest et du Nord pour poursuivre son expansion économique et politique », alerte l’auteur.

Le régime de l’Ayatollah surfe sur la « nouvelle alliance militaire entre le Maroc et Israël » pour avancer ses pions dans la région, indique l’auteur, évoquant « l’émergence d’un axe formé par l’Algérie, la Tunisie et le Mali contre le Maroc pour  contrer l’influence américaine et israélienne dans la région ».

« La nouvelle alliance militaire entre le Maroc et Israël, l’ennemi juré de la Révolution et de ses ayatollahs, offre au régime iranien l’excuse parfaite pour renforcer les liens avec l’Algérie et le Mali dans la bataille pour le Sahara occidental et l’hégémonie régionale », indique l’auteur de l’article.

Alger et Téhéran multiplient les contacts

« Les rencontres entre les autorités algériennes et iraniennes se sont multipliées ces derniers temps, signe sans équivoque que l’alliance est de plus en plus étroite », observe le correspondant espagnol au Maghreb. « En février 2022, le président iranien, Ebrahim Raisi, lors d’un entretien avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, a fait une déclaration d’intention complète: « L’Iran et l’Algérie ont une bonne coopération, mais ce niveau d’interaction n’est pas suffisant, et conformément à la détermination des dirigeants des deux pays, les relations Téhéran-Alger peuvent être élargies aux niveaux bilatéral, régional et international », rappelle M. Navarro Amuedo.

« L’Iran a opté pour l’Algérie dans le cadre de la nouvelle politique [du président iranien] Ebrahim Raisi de renouer des liens avec le continent africain, une zone complètement ignorée par l’administration Hassan Rohani », avait écrit dans un article pour l’Institut européen de la Méditerranée, le chercheur Moisés Garduño.

« Rempli d’opportunités, le continent africain peut aider l’Iran à étendre son influence mondiale, tant au niveau régional que mondial, ainsi qu’à offrir des marchés alternatifs et des opportunités commerciales », a récemment résumé la journaliste Sabena Siddiqui dans The New Arab.

L’axe algéro-iranien « surveillé de près par les USA et Israël », vu d’un oeil inquiet par les pays arabes

« Bref, malgré le contexte des négociations nucléaires -et la vague de protestations qui a eu lieu récemment dans plusieurs villes iraniennes- tout porte à croire que le régime de l’ayatollah continuera à étendre ses tentacules politiques et économiques sur le continent africain dans les temps à venir. Et dans le cas précis du Maghreb, étroitement surveillé par les États-Unis et Israël, Téhéran doit savoir qu’un faux pas, compte tenu du contexte régional tumultueux, pourrait avoir des conséquences irréversibles pour toutes les parties », souligne M. Navarro Amuedo. 

L’auteur s’est fait également l’écho du soutien apporté par les pays arabes au Maroc face à « l’ingérence iranienne », favorisée par Alger. « Pour la deuxième fois cette année -la première fois en mars-, le 5 septembre, un comité ministériel arabe -réuni en marge du Conseil de la Ligue arabe au Caire- composé de l’Arabie saoudite, des Emirats, de Bahreïn et L’Egypte et le secrétaire général de l’organisation lui-même ont exprimé leur solidarité avec le Maroc face à l’ingérence iranienne – et celle de son allié, le parti-milicien libanais Hezbollah – au Sahara occidental en soutien au Front Polisario », rappelle-t-il. 

Pour rappel, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita, a mis en garde récemment contre le soutien militaire apporté par l’Iran à la milice du « polisario », qui aurait acquis des drones de fabrications iranienne.