La presse au temps du coronavirus: la positive attitude

La période de confinement se prolonge. La santé tant physique que psychologique est mise à rude épreuve par cette situation inédite. Le déluge d’informations sur le lourd bilan humain et l’impact dévastateur de l’arrêt brutal de l’économie, exacerbe les effets délétères de l’isolement contraint. Paradoxalement, l’engouement du public pour les bonnes nouvelles et les idées positives et « anti-déprime » n’as jamais été aussi grand. La presse qui avait pour règle sacro-sainte de ne couvrir que les trains qui n’arrivent pas à l’heure, s’est mise, depuis un moment déjà, à voir l’intérêt, du moins l’opportunité, de répondre à cette demande. En ces temps de confinement, la consommation des informations positives s’est grandement amplifiée sur les réseaux sociaux et les média traditionnels.

D’après le New York Times, qui consacre, depuis déjà un moment, une section aux bonnes nouvelles, les comptes Instagram portant sur ce type d’informations, tels @TanksGoodNews et @GoodNews_Movement, ont vu le nombre de followers monter en flèche depuis mars, début du confinement aux Etats-Unis.

Sur Google, la quête de « bonnes nouvelles » a nettement augmenté et sur Youtube, les chaînes comme le «réseau de nouvelles pour de bonnes nouvelles», ont vu leurs abonnés croître à grand rythme.

Selon Allison Klein en charge du blog « Inspired Life » au quotidien le Washington Post, les lecteurs sont demandeurs d’articles qui les inspirent et d’histoires qui ne les mettent pas mal à l’aise.

Pour répondre à ce besoin croissant, le prestigieux quotidien américain a transformé son bulletin hebdomadaire de bonnes nouvelles « The Optimist » en bihebdomadaire, et créé « The Daily Break » qui propose quotidiennement un article sur un sujet positif qui inspire.

« Les gens cherchent une raison pour continuer à tenir », soutient David Beard, rédacteur en chef des bulletins d’information du National Geographic.

Sur la chaîne d’informations CNN, deux présentateurs vedettes, Chris Cuomo, frère du gouverneur de l’Etat de New York, et sa collègue Brook Baldwin, tous deux testés positifs pour Covid-19, ont continué à s’exprimer à la télé et à être actifs sur les réseaux sociaux. Sans cesse , ils parlent de leurs symptômes, évoquent leurs angoisses, fournissent des informations vérifiées sur le virus et tiennent aussi à partager les moments positifs sur la voie de la guérison et à relayer le courage et le dévouement des soignants et autres travailleurs en première ligne dans la lutte contre la pandémie.

Des moments très suivis par un public, dans la tourmente, qui a soif de dénouement heureux à une crise universelle sans précédent.

D’après une étude parue dans la revue scientifique The Lancet, le confinement, solution la plus appropriée pour juguler la pandémie du COVID-19, est un facteur de stress, de frustration et dépression. D’où les recommandations des psychologues de se changer les idées, rester positifs et se partager les émotions et les nouvelles positives. La presse qui a largement adapté ses programmes et ses contenus, ne pouvait ignorer un tel besoin.

Omar ACHY-MAP