Renard, Benatia, Lekjae, Hadji ou la guerre des clans

Tout ne fut pas rose durant les trois ans et demi que Hervé Renard avait passés à la tête de la sélection nationale car à part la joie de la qualification au Mondial de la Russie et à la CAN de l’Egypte, l’ambiance au sein du groupe était plutôt délétère. Il faut préciser que dans le groupe on trouve les joueurs, le capitaine d’équipe Mehdi Benatia, le coach Hervé Renard, le staff technique avec à sa tête Mustapha Hadji, le président Fouzi Lekjae et certains dirigeants de la fédération.

En apparence, toutes ces composantes de l’équipe nationale s’entendaient bien mais après la défaite face à l’Iran au Mondial et la déroute de la CAN 2019, on avait découvert d’énormes fissures dans la structure de la sélection nationale. En fait, des clans s’étaient formés au sein de ce groupe où chacun tirait les ficelles en divulguant à la presse des informations ou des rumeurs sur son rival. Hervé Renard était arrivé au Maroc en conquérant ou en messie du football croyant qu’il débarquait dans une « république bananière » où il sera le maître des horloges en dédaignant les dirigeants de la FRMF et la presse sportive. Il a mis longtemps avant de comprendre qu’il se trouvait au Maroc où il y a les Lions de l’Atlas du football et les lions de l’Atlas tout court qui ont fait l’histoire plus que millénaire d’un grand pays.

Il se cassera les dents d’abord sur la carapace du président Fouji Lekjae qui est loin d’être un homme paisible qui concède tout à tout un chacun. Certes, le financier qui détient le budget de l’Etat est calculateur mais quand il se découvre ce berkani de souche au caractère trempé est un impulsif qui répond du tac au tac à ses détracteurs. Hervé Renard l’avouera au bout des lèvres quand il a déballé tout après l’échec du Mondial en affirmant que ses rapports avec Fouzi lekjae demeuraient courtois et purement professionnels avant d’ajouter qu’il n’était pas là pour se lier d’amitié avec quiconque.

Faux, puisqu’il a entretenu avec le capitaine Mehdi Benatia une amitié on ne peut plus complice en matière de clans. D’ailleurs Benatia n’avait épargné personne excepté Renard quand il avait critiqué les dirigeants, les joueurs, Mustapha Hadji et la presse. Ce faisant, d’un côté on trouve le duo Renard-Benatia et au milieu Mustapha Haj jouant l’équilibriste entre le staff technique et la direction de la FRMF. De l’autre côté, on trouve des joueurs récalcitrants et des dirigeants qui n’ont jamais admis l’insolence de Hervé Renard et n’attendaient qu’un faux pas pour le descendre.

Chacun y va des siens. C’est ainsi que Benatia a taclé en direct certains dirigeants de la fédération après l’élimination du Onze national au premier tour de la Coupe du monde qui, dit-il, auraient traité les joueurs d’enfants gâtés. A l’époque, certains avaient compris que l’ex-capitaine de l’équipe nationale ne visait que Mustapha Hajji qui avait fini par se ranger du côté des dirigeants. Mais quand Benatia avait déclaré plus tard qu’il avait eu une discussion avec Hervé Renard deux jours après le premier match de la CAN 2019, il avait précisé sa pensée. Il avait en effet affirmé que lui et le coach avaient constaté qu’il y avait des gens au sein de la FRMF qui n’étaient pas contents de la victoire du Maroc contre la Côte d’Ivoire. C’est dire combien les rivalités étaient intenses et l’ambiance délétère entre des composantes hétéroclites qui s’entredéchiraient via une guerre secrète par médias interposés.

Hervé Renard qui avait déclaré que certains dirigeants lui mettaient les bâtons dans les roues en interne a révélé plus tard qu’il avait pris la décision de quitter le Onze national bien avant la CAN 2019. C’est dire que la guerre des clans au sein de la famille de l’équipe nationale battait son plein depuis longtemps.

Pour faire plaisir à son ami, Benatia avait justifié l’échec de la sélection par l’absence de grands joueurs sans jamais évoquer une seule erreur tactique ou dans le choix des joueurs d’Hervé Renard. Les deux amis n’ont pas, d’ailleurs, lésiné sur les échanges d’amabilités après leurs départs de l’équipe nationale. Benatia à Hervé: «Coach, je ne retiendrai que du positif, un homme intègre avec des valeurs, un Monsieur». Et Renard de lui rendre la pareille: «Félicitations à Mehdi Benatia pour sa très brillante carrière internationale. Il aura été un capitaine fantastique».

En revanche, l’entraîneur adjoint, Mustapha Hadji qui était à l’origine du recrutement de Hervé Renard, a critiqué les choix de ce dernier lors de la CAN 2019. L’ex-sélectionneur lui a répondu tout en taclant les dirigeants de la fédération: «Le point fort d’un entraîneur adjoint, c’est qu’il ne doit pas dépasser son champ de compétence. Les gens qui l’ont poussé à parler l’ont mis dans l’embarras».

Ainsi allait l’équipe nationale d’un échec à l’autre.