Visas pour la France. Après les sportifs, c’est au tour des artistes de payer les frais de la bureaucratie. Le cas de Yann’sine, ex-star de l’émission « The Voice » de TF1

Lecollimateur.ma a reçu un courrier de la part d’un lecteur, où il raconte la mésaventure du jeune artiste Yassine Jebli, Yann’sine de son nom d’artiste, qui s’est refusé l’octroi d’un visa pour la France. Nous reproduisons in extenso le récit de cette mésaventure. 

« Après les mésaventures des sportifs de haut niveau, c’est au tour du monde de la culture d’être impacté par les absurdités de la bureaucratie qui régit la délivrance des visas pour la France.

L’exemple qui suit est particulièrement significatif.

Le public marocain et français connaît bien Yassine Jebli, Yann’sine de son nom d’artiste. Finaliste en 2013 de l’émission Studio 2M, il s’est ensuite distingué en devenant le premier marocain à aller en finale dans l’émission « The Voice » sur la chaîne de télévision française TF1. Puis le jeune artiste a entamé un beau parcours: clips vidéo, concerts en France, en Belgique, aux Emirats, en Arabie, en Tanzanie, en Espagne,  au Maroc… Sa participation au tournage de Jazirat El Kanz (fort Boyard), un téléfilm remarqué (Shab el bac) sur 2M, une chanson produite par RedOne  pour la Cop22 en compagnie d’Asmaa Lmnawer et Kawtar Berrani, le parrainage à 2 reprises de « Maroc Folies », festival de jeunes talents organisé par l’Institut français du Maroc, la triple nomination aux Africa Music Awards au Nigéria, sa sélection comme finaliste représentant le Maroc au prix RFI de 2019, la sortie de son titre « J’essaie » qui dépasse les 2,5 million de vues, tout ceci annonce un avenir radieux.

Un chanteur qui mélange vibes orientales,  arabe et français, voilà qui devrait réjouir les partisans de la mixité culturelle et du dialogue par la musique. Arrive le Covid, qui stoppe net ce bel élan, comme pour beaucoup de gens. L’artiste se met à écrire, à composer, entame des collaborations artistiques, sort un titre optimiste sur le net « Ça va aller ».

Son passeport ayant expiré pendant la covid, il se hâte d’en refaire un nouveau. Il pense pouvoir obtenir facilement un nouveau visa. N’a-t-il pas bénéficié depuis 2014 de nombreux visas,  simples, multiples, long séjour, puis de circulation valable 4 ans ? Il est invité à donner un concert à Jeddah, pour la fête de la musique. Organisé conjointement par le Consulat Général de France et l’Université de Jeddah,  ce concert doit réunir un public nombreux, mixte, dans une grande salle de la ville. L’évènement est important. Notre artiste doit impérativement passer une semaine en France pour répéter avec 8 musiciens, son séjour étant entièrement pris en charge sur place. Lorsque l’artiste dépose sa demande de visa, avec toutes les antériorités répertoriées et photocopiées, il se voit demander de justifier sa qualité d’artiste en produisant une carte professionnelle… qu’il ne peut fournir dans les délais nécessaires. Comme si sa qualité d’artiste n’était pas facilement vérifiable ! Le visa ne sera donc pas délivré.

Heureusement, ce que les autorités consulaires françaises au Maroc n’ont pas su faire,  l’Arabie saoudite va y remédier. Afin de lui permettre de se produire à Jeddah à l’occasion du 14 juillet cette fois, et sans passer par la France, un visa saoudien va lui être accordé sans problème. Durant  son séjour, l’artiste sera d’ailleurs retenu pour participer à la rentrée à une émission très regardée sur la chaîne MBC. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Le temps est révolu où l’accord des visas était réservé à l’appréciation des consuls généraux et de leurs équipes. Les relations humaines et l’intelligence ont été remplacées par un traitement informatisé et deshumanisé. Comment pourrait-il en être autrement alors que seuls 2 consulats traitent toutes les demandes,  à supposer que l’on puisse trouver un rendez-vous sur le site de TLS (un parcours du combattant avec des délais… infinis) et déposer un dossier… »