Détournement de l’aide humanitaire destinée aux séquestrés de Tindouf: le business de la honte (Par Roberto León Ramirez, juriste chilien)

Le 23 juillet 2022, l’avocat chilien Roberto León Ramirez a fait publier dans les colonnes du site Cambio21.cl, un article intitulé « Le détournement constant de l’aide humanitaire à Tindouf ». Dans cet article, le juriste revient sur l’affaire de la clinique d’esthétique inaugurée, récemment en Équateur, par le fils du dénommé Mohamed Ould Salek, soi-disant « ministre sahraoui des affaires étrangères ». Cette clinique, comme celle inaugurée précédemment au Panama, a été construite sur les ruines des séquestrés de Tindouf, dont l’aide humanitaire est détournée par les pontes de l’entité séparatiste à la solde de la junte algérienne. Sur cette affaire, comme sur d’autres, M. Ramirez, l’une des voix les plus autorisées à se prononcer sur le sujet, -il a maintes fois visité les camps de Tindouf-, livre un éclairage édifiant. Lecollimateur.ma reproduit in extenso cet éclairage.    

Roberto León Ramirez*

Au cours de ce mois, des informations fiables ont émergé concernant l’inauguration, par le fils du dénommé Mohamed Ould Salek, prétendu chancelier de la fictive « république sahraouie », d’une clinique d’esthétique bucco-faciale en Équateur, dont les caractéristiques très modernes nécessitent un énorme investissement. Il s’agit de la deuxième clinique privée moderne détenue par le fils d’Ould Salek après avoir précédemment proposé une autre clinique présentant les mêmes caractéristiques au Panama.

C’est une autre des énièmes manifestations du détournement de l’aide humanitaire internationale par les dirigeants du « polisario » qui refusent catégoriquement de procéder à un recensement de la population kidnappée dans les camps de Tindouf afin de la surdimensionner et de bénéficier d’une aide humanitaire surévaluée qui est ensuite siphonnée et revendue par la direction du polisario.

L’Association sahraouie de défense des droits de l’homme a dénoncé cette nouvelle manifestation de détournement de l’aide humanitaire par le « polisario », à travers un tweet dans lequel elle précise: « Avec l’argent de l’aide destiné à la population des camps de Tindouf, le « ministre des affaires étrangères » inaugure une clinique pour son fils en Équateur, qui s’ajoutera à une autre clinique au Panama ».

Le détournement de l’aide humanitaire internationale a été maintes fois dénoncé par la communauté internationale et confirmé par les témoignages de plusieurs responsables du « Polisario » qui ont réintégré le Maroc, ainsi que par plusieurs ONG internationales, notamment le Comité américain pour les réfugiés et les immigrés (USCRI ), la Fondation France-Libertés et l’European Strategic Intelligence And Security Center (Esisc).

Début 2015 et à l’instigation du Médiateur européen, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a publié un rapport sur le « détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf » dans le sud algérien. S’appuyant sur une enquête lancée en 2003, le Rapport confirme, preuves à l’appui, le détournement massif, systématique, frauduleux et organisé de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf.

« Il existe des entrepôts clandestins qui servent à stocker une partie de la marchandise destinée à la revente », indique le rapport, qui souligne également que « les enquêteurs ont retrouvé des produits dont l’emballage portait le sceau de la DG Protection civile et opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO) sur les marchés de Nouakchott, en Mauritanie, à 1 500 km, ou de Béchar, en Algérie, à 800 km ».

Le 29 avril 2015, le Parlement européen a adopté une résolution exhortant la Commission de l’Union européenne à veiller à ce que les individus algériens ou sahraouis incriminés par le rapport de l’OLAF n’aient plus accès aux aides financées par le contribuable européen.

En mai 2015, l’ONG espagnole de lutte contre la corruption « Hands Clean » a déposé, devant le Parquet, une demande d’ouverture de poursuites contre les auteurs matériels de la fraude dénoncée par le rapport de l’OLAF, notamment le Polisario et le Coordonnateur d’Etat de Associations Solidarité avec le Sahara (Ceas-Sahara), pour fraude à l’aide humanitaire internationale destinée aux camps de Tindouf, ainsi que contre les complices et les collaborateurs nécessaires à cette fraude massive.

Aux États-Unis, la loi de finances 2019 a exhorté l’administration américaine à consulter le HCR et le Programme alimentaire mondial, afin de préparer un « Rapport au Congrès sur les mesures prises pour renforcer le contrôle de l’acheminement de l’aide humanitaire aux réfugiés dans la région nord-africaine ».

C’est une référence évidente aux personnes vivant dans les camps de Tindouf, sous le contrôle du polisario sur le territoire algérien, et à des précautions qui prennent clairement au sérieux les scandales de détournements et de trafics d’aide internationale destinée aux populations des camps de Tindouf.

En octobre 2021, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait attiré l’attention, dans son rapport au Conseil de sécurité évoquant la question du Sahara, sur le détournement par le « Polisario » de l’aide humanitaire et financière destinée aux populations kidnappées dans les camps de Tindouf. M. Guterres a souligné dans son rapport que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a reçu des informations d’ONG sur le détournement, par le « Polisario », de l’aide humanitaire et des fonds destinés aux camps de Tindouf ».

*Juriste, président des Amis du Maroc au Chili.