Face au spectre de la récession, Hollywood passe en mode austérité

Face à une baisse soudaine du cours de l’action Netflix et au spectre d’une récession économique, Hollywood, symbole de l’industrie de divertissement aux Etats-Unis, a été contraint d’embarquer dans une nouvelle période d’austérité budgétaire, rapporte l’agence Bloomberg.

Le média américain relève qu’un réalisateur de télévision qui gagnait 4 millions de dollars par an touche désormais 750.000 dollars, notant que les films à budget moyen sont mis de côté alors que les budgets de diffusion de la télévision ont chuté de plus de 30%.

Autre signe de cette austérité budgétaire qui frappe Hollywood, Bloomberg cite le recours des plateformes de streaming à l’annulation d’émissions qu’elles ont déjà accepté de réaliser, citant à ce propos l’exemple de Peacock qui a renoncé à une série télévisée « Field of Dreams » du co-créateur de « Parks and Recreation ». HBO Max lui a emboîté le pas en annulant « Demimonde » du co-créateur de « Lost » J.J. Abrams.

Certains réseaux, qui ont déjà dépensé de l’argent pour la réalisation de projets, ont préféré perdre quelques millions de dollars au lieu de parier sur une émission qui pourrait ne pas réussir, indique l’agence américaine.

« Il s’agit d’un changement significatif par rapport aux dernières années, lorsque les entreprises de médias se précipitaient pour produire une idée à peine acceptable », commente l’auteur de l’article, Lucas Shaw, précisant que l’industrie de divertissement a réalisé 559 émissions scénarisées l’année dernière, soit plus de 200 depuis 2013, l’année qui a vu le lancement de la série « House of Cards ».

« L’ère des dépenses sans compter est révolue », a déclaré un agent la semaine dernière, cité par Bloomberg. « Je n’ai jamais vu autant de spectacles annulés et retournés », a-t-il regretté.

En rapport avec le même sujet, Bloomberg fait savoir que des entreprises qui avaient du mal à pourvoir les postes vacants pendant de longues périodes commencent à se poser une question pressante: « avons-nous vraiment besoin de ces postes? », et ce en raison des difficultés économiques actuelles et à la menace d’une récession imminente qui taraude les Etats-Unis. « Avec la flambée des taux d’intérêt, la chute des actions et les craintes d’une récession imminente, les employeurs suppriment des emplois ou annulent leurs plans d’embauche autrefois effrénés », indique-t-elle.

Le média cite, à ce propos, le cas d’Amazon et de Walmart, les deux plus grands employeurs privés aux Etats-Unis, qui ont fait part de leur intention de réduire leurs effectifs horaires, notant que les demandes d’assurance-chômage, bien qu’encore faibles, ont légèrement augmenté, sur la base d’une moyenne mobile sur quatre semaines qui atténue la volatilité hebdomadaire.

Le rythme des offres d’emploi a également ralenti ces dernières semaines, selon les données du site de carrière Indeed, et pas seulement dans le secteur technologique durement touché : même les opportunités d’emploi dans l’hôtellerie ont ralenti, bien qu’elles soient toujours supérieures aux niveaux d’avant la pandémie.

Plusieurs dirigeants américains, dont le PDG de Tesla, Elon Musk et le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, ont mis en garde contre une récession imminente de l’économie américaine qui fait face à une inflation galopante et à une hausse conséquente des prix des carburants.

« Une récession est inévitable à un moment donné. Quant à savoir s’il y a une récession à court terme, c’est plus probable que non », avait déclaré M. Musk dans une interview à Bloomberg.

La semaine dernière, la banque Goldman Sachs a également relevé ses prévisions de récession, estimant que l’économie américaine avait 30% de chance d’entrer en récession au cours de l’année prochaine.

Selon une enquête publiée vendredi auprès de hauts dirigeants d’entreprise, 60 % des PDG pensent qu’une récession aura lieu d’ici la fin de l’année prochaine aux Etats-Unis.

Pour freiner l’inflation, la Réserve fédérale a augmenté les taux d’intérêt la semaine dernière de trois quarts de point de pourcentage, la plus forte hausse depuis 1994. Les actions ont chuté vers la fin de la semaine dans la foulée de cette décision, l’indice Dow Jones clôturant sa pire semaine de pertes depuis 2020.