Vidéo. « Ziyara »: Simone Bitton à la recherche d’une fraternité judéo-musulmane oubliée

Par Khadija BOUTNI

Dans le cadre du cinéma des Droits de l’Homme, l’association des Rencontres Méditerranéennes  vient de projeter pour la première fois un des films  de Simone Bitton  « Ziyara » le 30 Mars 2022 à Rabat. Date qui coïncide avec la journée de la Terre.

Le documentaire de cette artiste connue par sa filmographie engagée raconte son voyage dans les lieux saints juifs se trouvant à Debdou, Essaouira, Bzou, Demnat, Rabat et Ourika.

 

 

 

 

À travers le récit des gardiens et gardiennes de ces saints datant de plusieurs siècles et qui sont parfois vénérés par les musulmans et les juifs, on évoque de doux souvenirs du passé, des  souffrances vécues comme le mariage forcé des filles, et la sacralité des lieux  révélant une mémoire commune des deux communautés à travers  l’historique et l’humain.

Simone Bitton a choisi de filmer exclusivement les Marocains non juifs  pour  éclairer la  place des Marocains que les juifs ont gardée  et dont les Marocains ne se rendent pas compte, pour donner une logique  à son œuvre.

Revenir sur les traces de ce patrimoine commun nécessite une bataille sans relâche  pour  être  conservé  parce que « quand il n’y a pas de trace il n’y a pas de mémoire ».

Le film se caractérise par sa douceur qui vient probablement de l’enfance de la réalisatrice passée dans ce pays qu’elle aime: le Maroc et où elle a des attaches aux familles, aux objets, aux gestes, aux  ruines lui permettant de voir les Morts ressuscités.

Le traumatisme filmé des Marocains après le grand départ incompris des juifs, est une façon d’exprimer son amour pour l’Autre, qui présente le collectif  inspirant.

Le film  qui a pris 05 ans pour le réaliser est produit sans musique, seules  les voix de Amina Alaoui et Oum baignent le spectateur dans une douce nostalgie .

Le titre en darija  Zyara au lieu de Ziyara en arabe classique aurait donné plus d’écho mystique au film.

La zyara qui est un moment de recueillement des communautés juive et musulmane  n’est-elle pas aussi le fait de renouveler  le  pacte de la confiance et d’allégeance envers les guides spirituels  et à travers lesquels nous pouvons évoquer la paix ?