Le gouvernement français serait prêt à envisager une forme d’autonomie pour la Corse. C’est du moins ce qu’a déclaré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, envoyé aujourd’hui et demain en pompier dans l’île, théâtre de violentes manifestations suite à l’agression en prison du détenu corse Yvan Colonna condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.
Il est vrai que l’autonomie est une vieille revendication corse, mais c’est la première fois qu’un représentant de l’État français entrouvre la porte à cette revendication.
Cette initiative vraisemblablement mûrie en haut lieu de l’État français n’a toutefois rien de surprenant, elle est cohérente avec la position de la France sur la question du Sahara marocain. Paris appuie l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie pour le Sahara depuis avril 2007, date à laquelle le Royaume a mis cette initiative sur la table de l’ONU pour solder le conflit artificiel créé autour de ses Provinces sahariennes.
Ce qui est étonnant, par contre, c’est la position de l’Espagne sur ce différend plus que quarantenaire. Comble de l’incohérence, l’Espagne qui compte plusieurs communautés autonomes ne veut toujours pas se faire une raison et soutenir le plan marocain prévoyant de larges prérogatives d’autogestion pour la population du sud marocain.
L’offre de l’État français aux Corses ne devrait-elle pas pousser Madrid à renoncer à son entêtement géopolitiquement injustifié, de surcroît stérile, en porte-à-faux avec la Realpolitik, pour reprendre un concept cher à l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger.