L’éternel retour (Par Driss Korchi, écrivain marocain)

Par Driss Korchi*

Le choix de ce titre nietzschéen n’est pas fortuit. La guerre en Ukraine a pu réveiller pas mal d’ulcères et remettre en question pas mal de réactions incongrues. On ne peut pas ne pas être contre la guerre et on ne peut pas se refuser à bombarder les autres quand cela touche de près ou de loin ses intérêts les plus vitaux. Il n’en demeure pas moins vrai que le comportement de civisme n’en cache pas des intentions maléfiques des plus terribles. Il suffit de retourner l’endroit pour découvrir des crocs acérés et une animosité féroce de prédateurs.

Une mégalomanie s’empare du monde pour le déchirer et le dépecer, un occident affamé de ressources et qui est prêt d’appauvrir pour régner en maître. Sa machine redoutable de propagande est capable de magnétiser les têtes les plus avisées. Détruire, c’est se détruire. L’ambition démesurée mène au chaos. Il suffit d’une goutte pour déborder le vase et d’une provocation pour que le nucléaire dévaste tout autour. Autant dire que Caligula dort dans la tête de chacun des dirigeants occidentaux. Raison de plus de se référer pleinement au « Choc des civilisations ». En sourdine, il vaut mieux amadouer les autres pour les asservir. Les slogans pullulent qui incitent à la paix quand ce mot n’existe que lorsqu’on se résilie à l’état des lieux. Toute révolte est mal vue et chaque comparaison par exemple entre l’Ukraine et Irak, Palestine, Libye, Yémen, Soudan et bien d’autres est impossible, suite à plusieurs raisons connues pourtant par le monde entier.

Il serait idiot de penser que le temps de l’impérialisme est révolu. Les temps présents sont pour le franc parler, le mensonge, l’arnaque, la supercherie, l’hypocrisie, la mauvaise diplomatie, pour les multinationales, la globalisation et l’esclavage moderne, etc. Mais l’occident capitaliste est aveuglé par ses propres lubies. Les capitalistes ont horreur du communisme, ils  veulent saper toutes les traces de ses adeptes. Les références sont multiples de démontrer clairement ou inopinément que la guerre menée en Ukraine est en premier lieu une guerre idéologique.

L’intention est de contourner en vue d’encastrer la Russie. Et une fois cette dernière se retrouve dans l’étau occidental, elle cesserait sa jactance de se prendre pour telle et se plierait à leurs caprices malades. Le pays suivant serait la Chine et ainsi de suite. Il vaut mieux donc arrêter ses enthousiasmes et ses ovations devant des pays qui coalisent pour détruire et qui répètent inlassablement l’histoire d’envahir et de faire couler le sang. Des vampires des temps modernes qui s’abreuvent du sang des pays appauvris pour ne pas dire pauvres, des pays tiermondisés malgré eux. Tant que dure la course aux armements, durent les exploitations. Par conséquent, les temps de paix sont une gageure pour les temps de guerre. Guerre et paix, deux éléments clés et une ambivalence qui enivrent la tête de l’homme depuis l’aube des temps.

Tolstoï en a bien esquissé quelques réflexions. Ils s’alternent respectueusement et maintiennent ainsi l’ordre général. L’important est de ne pas croire à la paix même chez les apparences les plus paisibles car celles-ci sont souvent trompeuses.

Écrivain marocain