Il était de gauche (PADS), il est devenu de droite (PAM). Il a adhéré à un parti qui a été créé pour contrecarrer les islamistes, il est devenu leur allié. Il est devenu secrétaire général d’un parti administratif, il veut maintenant couper le cordon avec l’État. Le patron du PAM est insaisissable comme l’avocat qu’il est puisqu’il peut défendre une cause aujourd’hui et plaider son contraire le lendemain quand il change de clients.
La seule constance chez cet homme de Taroudant, c’est son sens de la polémique et ses ambitions personnelles dont il ne s’en cache pas d’ailleurs. L’homme voulait devenir le patron du PAM, il y est arrivé lors d’un congrès qui s’est transformé en une arène où les coups fusaient de toutes parts. Il aspirait à occuper le perchoir depuis 2011 mais il a été « trahi » par l’ex-patron du PAM, Ilyas El Omari, qui avait voté pour Habib El Malki.
Il y a deux mois, il espérait devenir chef du gouvernement après avoir prédit une victoire conséquente du PAM aux élections du 8 septembre. Selon notre confère Al Akhbar, l’avocat aurait revu ses ambitions à la baisse en se contentant de briguer, à nouveau, la présidence de la chambre des représentants. On ne sait pas ce qui a changé depuis puisqu’on est, encore, en pleine campagne électorale et que les élections n’auront lieu que la semaine prochaine.
Pourtant quand il était invité sur le plateau de MediI TV, le patron du PAM était on ne peut plus optimiste: « Nous sommes prêts et nous allons décrocher la première place. Le PAM va gagner ces élections. Je suis tellement serein et confiant en notre victoire que je compte prendre des vacances durant deux semaines. Nous projetons de remporter 82 sièges au Parlement ».
Abdellatif Ouahbi a fait tout, mais vraiment tout, pour que son parti devienne membre dans le prochain gouvernement en renonçant à tout ce qui constituait l’essence, même, du PAM en tant que parti. C’est ainsi qu’il s’est rapproché de son pire ennemi, le PJD, jusqu’à devenir son allié en soutenant 70% des lois proposées par le gouvernement alors que son parti était dans l’opposition.
Pis encore, mû par des ambitions, somme toute, légitimes de gouverner, Abdellatif Ouahbi a même osé formater complètement le PAM: « Nous avons rendu le parti indépendant des autorités, de l’État et des institutions. Nous avons revu même notre vision idéologique… nous sommes devenus un parti normal comme tous les autres », avait-il déclaré sur le plateau TV.
C’est un véritable chamboulement que jamais un parti politique n’a connu sauf quand il y a scission ou création d’un autre parti. Ce qui n’est pas le cas du PAM dont le patron affirme aujourd’hui qu’il n’y a plus de lignes rouges et qu’il peut s’allier avec n’importe quel parti pour former un gouvernement.
Le PJD, bien sûr, mais aussi le RNI dont le président Aziz Akhannouch avait pourtant été vivement critiqué par Ouahbi car, dit-il, ce différend a été réglé. Autant dire que le RNI navigue toutes voiles dehors pour former des alliances avec les premiers venus puisque sa vision idéologique a changé même si les ambitions de son secrétaire général restent les mêmes.