Espagne: Quand les exploits de Mohamed Katir réveillent les démons racistes

Mohamed Katir, athlète espagnol d’origine marocaine, a réalisé une véritable prouesse en battant trois records d’Espagne en un mois. Exploits qui ont provoqué d’un côté l’estime et le bonheur de certains mais le doute et la polémique raciste d’un autre.

Une fois ces formidables chrono réalisés sur les 1500, 3000 et 5000m, un ancien athlète espagnol nommé Isaac Viciosa est monté au créneau pour mettre en doute les performances de Mohamed Katir.

« Ce record, qui était détenu par Visiosa (NDRL), même après moi, était détenu par Manolo Pancorbo, Fermín Cacho, Enrique Molina , José Luis González … Athlètes qui ont atteint des sommets en matière d’entraînement, de nutrition et de récupération. Maintenant arrive un athlète qui, en un mois, a battu trois records alors qu’il est sans palmarès, bien qu’ayant du potentiel et de la projection, me laisse quelque peu perplexe ».

Mais Isaac Visiosa va plus loin et dévoile ses pulsions racistes en déclarant: « Et une autre chose qui n’est peut-être pas politiquement correcte mais que je voudrais dire, c’est que j’aurais aimé que mon record soit battu par un athlète portant des noms de famille castillans« .

La réponse du prodige marocain ne s’est pas fait attendre. « Pour ceux qui ne savent pas de qui est le nom de famille, c’est un grand homme d’origine marocaine. Ma grande motivation, un exemple à suivre, mon grand-père Mailud Katir. Cet homme a dû travailler dur depuis qu’il a 5 ans, il a souffert dans la vie pour des problèmes de guerre. Vous pouvez maintenant rassembler toute la vieille école, il n’y a aucune comparaison avec cet homme. C’est un honneur de porter votre nom de grand-père, ce n’est que le début. Donnez-moi un an de plus, croyez-moi. Je vais m’entraîner, à tout de suite« , a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

Devant cette polémique et à la veille des Jeux Olympiques, le secrétaire d’État aux Sports, José Manuel Franco, a voulu apaiser la situation. « Nous parions et travaillons pour que le sport espagnol favorise des espaces de tolérance, d’égalité, d’inclusion et de coexistence. Nous avons les meilleurs athlètes qui défendent un pays ouvert, tolérant et solidaire », a déclaré M. Franco, sans toutefois condamner l’inacceptable dérive raciste de Isaac Visiosa.