Propos du porte-parole du Département d’État américain sur l’affaire « Raïssouni »: Le déficit d’anticipation et le manque de communication

Les propos tenus hier lundi 12 juillet par le porte-parole du Département d’État américain au sujet de l’affaire Soulaimane Raissouni et accessoirement Omar Radi, sont tombés comme un cheveu sur la soupe. Célébration du 200ème anniversaire de l’établissement des relations maroco-américaines, reconnaissance US de la pleine souveraineté du Royaume sur ses provinces sahariennes, multiplication des exercices militaires conjoints et implication des FAR dans les exercices inter-alliés à travers les quatre coins du globe…

Grande est donc la crainte qu’une affaire de droit commun jette son ombre sur les relations du Maroc avec l’hyper-puissance américaine, d’autant plus grande que les ennemis qui sont légion attendent notre pays au détour et guettent la moindre brèche pour tenter de nuire à l’image du Royaume. Au moment où ces relations atteignent le climax de leur épanouissement, personne ne voudrait que cette affaire « grignote » sur le capital sympathie dont jouit notre pays auprès des États-Unis d’Amérique.

 

 

 

 

Il est vrai que les propos du porte-parole du Département d’État américain ont péché par leur « partialité » (Cf: Délégation interministérielle aux droits de l’Homme), qu’ils ne prennent pas en compte les droits des plaignants et s’attaquent sans autre forme de procès au principe d’une justice marocaine souveraine, indépendante et impartiale.

Il est vrai que le commun des journalistes, dont votre modeste serviteur a l’honneur et la fierté d’appartenir, n’est pas et ne saurait en aucun être au-dessus de la loi et que les journalistes restent, finalement, des êtres humains faillibles et soumis à toutes les tentations.

Seulement voilà, peut-on feindre la surprise là où il y a eu plutôt déficit d’anticipation, défaut de communication… ?

À toutes fins utiles, il faut bien noter que le président Biden a été élu sur cette triple promesse: Liberté, Démocratie et Droits de l’Homme. Il fallait s’y attendre, anticiper et prévoir une action auprès de la nouvelle administration démocrate du moins pour expliquer les tenants et aboutissants de ces deux affaires qui continuent de faire couler de l’encre… et des « larmes » à l’autre bout de l’Atlantique comme du côté nord de la Méditerranée.

Il est regrettable que les préposés à la défense des droits de l’Homme ne se manifestent que pour tenter d’ « éteindre le feu », au lieu d’agir de manière permanente et efficace sur un dossier souvent instrumentalisé à des fins politiciennes par des ennemis qui ne dorment jamais.

Il est regrettable que dans les réactions « officielles » aux rapports des défenseurs internationaux des droits de l’homme, étatiques ou « indépendants », on ait droit aux mêmes redites et mêmes redondances et qu’il n’y ait aucun effort substantiel pour innover sur les éléments de langage et les arguments avancés pour mieux défendre les avancées du Royaume qui sont pourtant inégalables à l’échelle de toute la région Moyen-Orient-Afrique du Nord.

Un bon dossier a besoin d’un bon avocat pour le défendre. Et cet avocat a évidemment besoin de crédibilité pour mieux se faire entendre. Dans le cas cité plus haut, il aurait été souhaitable que ce soit plutôt la présidente du Conseil national des droits de l’Homme, Amina Bouayach, qui prend la parole. Outre la crédibilité indéniable dont elle bénéficie auprès des instances internationales, -elle a été choisie par l’ONU parmi les 5 femmes leaders pour s’exprimer à l’occasion du 8 mars dernier-, Mme Bouayach connaît mieux le dossier.

Sur le fond comme sur la forme, il faut reconnaître que notre stratégie de communication a montré ses limites et qu’un travail d’autocritique s’impose aujourd’hui plus que tout autre temps pour mieux défendre les intérêts de notre pays.