L’exposition « Delacroix, souvenirs d’un voyage au Maroc » a été inaugurée, mardi à Rabat, au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain (MMVI), une première en Afrique et dans le monde arabe.
Visible jusqu’au 9 octobre 2021, l’exposition « Delacroix, souvenirs d’un voyage au Maroc » retrace le voyage d’Eugène Delacroix au Maroc en 1832 à travers une sélection de tableaux, de dessins, d’aquarelles mais également la quasi totalité des objets, des vêtements, des armes et des instruments de musique qu’il a rapportés de son voyage et qui l’ont accompagnés durant toute sa carrière d’artiste.
Comme beaucoup d’artistes de sa génération, Delacroix avait rêvé d’un Orient aux contours géographiques mal définis. Les Poèmes de Byron, objets et textiles ramenés de voyages par des amis, tableaux et gravures représentant des costumes orientaux ou des odalisques avaient nourri son imagination avant de faire le voyage de sa vie au Maroc. Dès son retour en France, et jusqu’à sa mort, Delacroix ne cesse de reproduire dans ses œuvres les nombreuses influences rapportées de son voyage.
Instruments de musique, armes, poire et corne à poudre, sacoches en cuir, gargoulettes, plats en céramique et vêtements masculins brodés sont autant d’objets présentés dans le cadre de cette exposition, organisée par la Fondation Nationale des Musées (FNM) et le musée national Eugène-Delacroix – Établissement Public du Musée du Louvre autour du parcours de Delacroix en tant que premier ambassadeur de la lumière, des couleurs, des costumes et des traditions marocaines qu’il dessine et peint avec émerveillement.
Dans une allocution de circonstance, le président de la FNM, Mehdi Qotbi, a indiqué que cette exposition permettra de découvrir Delacroix, « un peintre qui a apporté des couleurs et a révolutionné la scène artistique de son époque » et de revenir sur son voyage initiatique au Royaume, lequel apporte une clé de lecture et de compréhension d’une certaine époque au Maroc, sur les plans historique, diplomatique et surtout artistique.
Il n’a pas manqué de souligner l’importance de cette exposition, qui est « un motif de fierté » pour le Maroc, ainsi que la dynamique impulsée par SM le Roi Mohammed VI dans le domaine de la culture.
Pour sa part, la directrice du musée national Eugène-Delacroix et co-commissaire de l’exposition, Claire Bessède, s’est félicitée du « regard d’expert » porté sur les œuvres de Delacroix, mettant en avant l’effet qu’a eu le Maroc sur le parcours artistique d’un peintre ayant marqué son époque.
« Pendant plus de 30 ans Eugène Delacroix va représenter le Maroc à travers ses tableaux qu’il a fait dans son atelier à Paris », a-t-elle indiqué, rappelant que le peintre se basait « sur ses dessins, sur ses objets, sur sa mémoire et sur ses souvenirs » pour donner vie à son voyage au Maroc.
« Delacroix est le premier artiste à être venu au Maroc », a-t-elle relevé, notant qu’à travers ses tableaux du Maroc, le peintre a créé « un univers pictural cohérent avec une qualité de couleurs et une modernité dans la touche qui va influencer des artistes comme Matisse ».
En effet, au delà de l’importance qu’a eu le Maroc dans ses œuvres, Delacroix a influencé de nombreux artistes qui ont revendiqué d’avoir inscrit leurs pas sur les siens, dont Odilon Redon, Benjamin-Constant, Alfred Dehodencq, Henri Regnault et Georges Clairin puis au 20è siècle, Lucien Levy-Dhurmer, Théophile-Jean Delaye ou encore Charles Camoin.
Sur ce sujet, Abdelaziz El Idrissi, directeur du MMVI et co-commissaire de l’exposition, a relevé que Delacroix a « le mérite d’avoir changé l’orientation des artistes de l’Italie et de l’Orient vers l’Afrique du nord et vers le Maroc en particulier ».
« Ce passage vers l’Afrique du nord a tout simplement réorienté le sens d’ intérêt des artistes européens », a-t-il fait remarquer, notant que Delacroix avait constitué une collection à dimension patrimoniale « très intéressante ».
Selon lui, cette collection ethnographique et patrimoniale qui remonte au début du 18è siècle a pour particularité d’être une « collection datée avec un postquam et un antequam » (NDLR avant, après)..
« Il s’agit d’une collection antérieure aux influences tardives qui vont arriver au Maroc à partir de la deuxième moitié du 19è siècle », a ajouté M. El Idrissi, y voyant « un élément pouvant servir de référence » pour mener des études sur les collections disponibles dans les musées du Royaume.
La cérémonie d’inauguration, qui s’est déroulée en présence de membres du corps diplomatique accrédité à Rabat, de journalistes et d’acteurs culturels aussi bien du Maroc que de France, a été suivie par l’exploration des différents objets et œuvres présentés en compagnie des deux commissaires de l’exposition.
Dans le sillage de la volonté de SM le Roi Mohammed VI de toujours maintenir un lien fort entre les Marocains résidant à l’étranger (MRE) et leur pays d’origine, une réduction de 50% est accordée pour l’exposition sur présentation du passeport.
La réduction s’applique dans les musées gérés par la FNM: le MMVI, le Musée de l’Histoire et des Civilisations à Rabat, le Musée Archéologique de Tétouan, le Musée la Kasbah des cultures méditerranéennes de Tanger, le Musée national de la céramique de Safi, Dar El Bacha Musée des confluences et Musée Tissage et du Tapis Dar Si Said à Marrakech et le musée national de la photographie à Rabat, durant tout l’été, rappelle-t-on.