Après une pause de près d’un an, les Algériens ont renoué lundi avec la contestation dans les grandes villes du pays. Un signe d’échec pour le régime en place qui alterne vainement « main tendue » et « répression », écrit mardi le journal français Libération.
Libération, qui consacre tout un dossier ainsi que sa Une au « Hirak » algérien, se fait l’écho des nombreuses marches qui ont sillonné les rues des différentes villes du pays à l’occasion du deuxième anniversaire de ce mouvement de contestation politique et sociale.
« Pour la troisième année consécutive, des dizaines de milliers d’Algériens ont marché dans les rues du pays la tête haute. En 2019, le soulèvement pacifique, inattendu, avait débouché au bout de quelques mois sur la chute fracassante du président Abdelaziz Bouteflika. En 2020, la manifestation avait sonné comme un avertissement à l’égard du nouveau pouvoir, avant que le mouvement de contestation soit placé sous l’éteignoir mondial de la pandémie de Covid-19 », rappelle le journal qui souligne qu’en 2021, « le défilé a comme un goût de renaissance ».
Rappelant la genèse du Hirak algérien et comment le régime qui craignait d’être emporté par la vague contestataire a oscillé entre « main tendue » et « répression », le journal souligne que parmi les gestes d’apaisement, le pouvoir en place a proposé une réforme de la Constitution qui n’a pas convaincu, le référendum ayant enregistré le plus bas taux de participation de l’histoire de l’Algérie.
De même, à l’approche de la marche anniversaire du soulèvement populaire, le régime a une nouvelle fois tenté des gestes d’apaisement (libération de quelques détenus d’opinion, dissolution du parlement, remaniement du gouvernement…). Là encore, ces initiatives ont été balayées par les contestataires.
« La grâce présidentielle, arbitraire, ne remplace pas une justice indépendante (…). Quant au remaniement, il apparaît dérisoire : les principaux ministres sont restés en poste, symbole d’une continuité du système que les Algériens rejettent depuis deux ans « , souligne Libération.
Selon le journal français, « le régime, soigneusement encadré par l’armée, s’est finalement montré incapable de se réformer de l’intérieur. Le scénario, un temps envisagé, d’une transition en douceur recyclant des cadres de l’administration, s’est effondré. Quant aux braises du Hirak, invisibles pendant près d’un an, elles ont continué de couver sous la cendre ». « Pour autant, une seule journée de manifestation, aussi jubilatoire soit-elle, ne signifie pas encore un sursaut national. Loin de là », observe Libération.
Si « en 2019, c’est la répétition inlassable et courageuse des marches pacifiques qui avait provoqué le renversement du clan Bouteflika. Les slogans entonnés lundi étaient clairs : « nous ne sommes pas venus pour l’anniversaire, nous sommes venus pour que vous partiez », criait la foule à Alger. Autrement dit : la révolution n’a pas eu lieu, elle est toujours en cours », relève le journal français.
Et de conclure dans son éditorial sous le titre « Détermination », que « si la pandémie n’est pas venue à bout des aspirations (des Algériens) à davantage de démocratie et de partage des richesses, on ne voit pas bien ce qui pourrait les étouffer ».