Belgique: Un gros scandale de corruption secoue les milieux politique et des affaires

Près de trois ans après l’éclatement de l’affaire « Nethys », du nom de la société liégeoise active dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications, ce scandale de corruption et de détournement de fonds publics continue de secouer les milieux politique et des affaires dans la Région wallonne en Belgique avec plusieurs rebondissements politico-judiciaires.

Le dernier en date est l’arrestation il y a quelques jours de plusieurs anciens dirigeants de cette société privée à capitaux publics qui appartient au groupe Publifin, aujourd’hui rebaptisé Enodia.

Stéphane Moreau, ancien PDG de Nethys et principal protagoniste de cette affaire, a été placé sous mandat d’arrêt et écroué pour faux, usage de faux, escroquerie, abus de biens sociaux et détournement par une personne exerçant une fonction publique.

Après avoir incarné la réussite de Nethys, cet ancien bourgmestre (maire) de la ville d’Ans (province de Liège) est pointé aujourd’hui comme l’un des responsables de ce scandale retentissant.

Selon les enquêteurs, Moreau et plusieurs autres membres du comité de direction de Nethys ont usé de contorsions « juridiquement douteuses » pour bénéficier d’indemnités pour un total de plus de 18 millions d’euros à la suite de la réduction de leurs salaires décidée par décret du gouvernement wallon visant à limiter les rémunérations des dirigeants d’entreprises publiques sous tutelle régionale.

Ces indemnités, qui ont fait couler beaucoup d’encre, ont été validées en 2018 par le comité de rémunération de Nethys juste avant l’entrée en vigueur dudit décret qui allait plafonner les rémunérations des dirigeants publics. Selon les documents internes de la société, Stéphane Moreau a perçu à lui seul 11,627 millions d’euros.

Les membres du comité de rémunération ont été inculpés la semaine dernière et deux d’entre eux ont été placés sous mandat d’arrêt pour abus de biens sociaux et détournement.

Cette affaire complexe n’est en outre qu’un nouvel épisode du scandale tentaculaire au cœur duquel s’est retrouvée la société mère de Nethys « Publifin », une intercommunale ayant pour principaux actionnaires la Province de Liège et 76 communes de l’entité provinciale.

En décembre 2016, il est révélé que plusieurs mandataires politiques liégeois touchent d’importantes sommes de la part de Publifin pour des réunions inutiles ou désertées. Suite à ces révélations, une commission d’enquête est créée au sein du Parlement wallon.

Cette commission finit par formuler plusieurs recommandations au terme de cinq mois d’auditions, réclamant notamment l’éviction des dirigeants de Nethys, une modification drastique du périmètre d’action de l’intercommunale ainsi que la vente de certaines filiales.

Toutefois, la vente d’actions dans deux filiales de Nethys à des sociétés appartenant au PDG du groupe de biotechnologie belge « Mithra », François Fornieri, devenu entre-temps administrateur de Nethys, a mis la puce à l’oreille du gouvernement wallon qui s’est saisi du dossier et pris des arrêtés en novembre 2019 afin d’annuler ces ventes en raison de conflits d’intérêts, du manque de mise en concurrence ainsi que du montant dérisoire de certaines transactions.

Cette affaire politico-judiciaire, qui continue de défrayer la chronique en Belgique, est encore loin de connaître son épilogue alors que d’autres dossiers examinés par les enquêteurs pourraient avoir des suites judiciaires dans les prochaines semaines.