Trois détenus d’opinion algériens ont été évacués hier mardi au CHU Mustapha Pacha à Alger, après plus d’un semaine de grève de la faim, pour protester contre une détention aussi arbitraire que les accusations retenues contre eux: « publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « atteinte à la personne du président », « atteinte à la sécurité et à l’unité nationale » et « exposition de la vie d’autrui au danger en incitant à un rassemblement pendant la période du confinement ».
Mohamed Tadjadit, Nouredine Khimoud et Abdelhak Benrahmani ne sont pourtant pas les seules ni seront les dernières victimes de cette chape de plomb répressive qui s’abat sur des militants dont le seul « délit » est de revendiquer pacifiquement l’instauration d’un État réellement civil et démocratique. « Près de 90 détenus politiques et d’opinion croupissent déjà dans les prisons en Algérie », alerte la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH).
Cette situation rappelant cruellement les méthodes de la pourtant défunte époque des Bokassa-gueule-de-loup, du moins par la nature des accusations graves infligées à des civils sans défense, -« atteinte à la sécurité et à l’unité nationale »!!-, n’a toutefois pas fait bouger les preux chevaliers des droits de l’Homme, lesquels préfèrent regarder ailleurs.
Un simple regard jeté ce matin sur les comptes de Human Rights Watch et Amnesty International, suffit pour le démontrer. Pas un seul mot n’a en effet été touché par le pourtant très prolifique Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW, lequel s’est manifesté lors de la soirée du Nouvel An, pour nous infliger ce message incroyable via son improbable compte twitter: “Le traitement réservé par le Maroc aux Sahraouis est à certains égards semblable au traitement réservé aux Palestiniens par Israël”!!
Kenneth Roth qui se semble confondre son statut de procureur avec celui de défendeur des droits de l’homme, n’est pas dans la mesure ni dans l’équilibre quand il s’agit de « taper » sur le Maroc, d’autant moins que son « silence » sur les exactions, celles-là réelles, perpétrées dans le goulag de Tindouf, ou encore à Alger, prête à suspicion.
Idem pour Amnesty International qui continue de fermer l’oeil sur les graves violations commises aussi bien dans les camps de Lahmada qu’à Alger, pour ne pas parler de Tizi Ouzou, en Kabylie, Ghardaya, où les minorités mozabites de rite Ibadite sont confrontées à une purge ethnico-religieuse de la part de la majorité arabe, d’obédience sunnite.
La liste des violations perpétrées par la dictature militaire algérienne, et son appendice séparatiste, est évidemment loin d’être exhaustive, mais elle a tout l’air d’un pedigree qui ne devrait pas échapper à l’attention des préposés à la défense des droits de l’Homme, pour ne pas dire la Cour pénale internationale.