« Tout a déjà été pensé, disait Goethe, l’important c’est d’y penser à nouveau »
Si nous pouvons consacrer un moment pour ce que nous vivons aujourd’hui, on peut tout simplement le résumer en un mot: Ruptures.
Dans les faits, on associe la question des ruptures au capitalisme, comme à la fois prétendant créateur des inégalités dans le monde, et paradigme qui change de visage voire de couleur en fonction de ce qui porte comme objectif.
En effet, faut-il le rappeler, cette chronique est une invitation à repenser le sens de ces ruptures et les différents temps qu’il peut porter en rappelant toutefois la complexité d’une telle approche.
Décrire ces réalités revient à dire qu’elles sont faites de mutations et de bouleversements auxquelles toute l’humanité fait face et dont elle est en grande partie responsable. Il va sans dire que ces réalités sont caractérisées par leurs foisonnements et paradoxalement vont dans le même sens de ce qu’on appelle crise systémique.
De ce fait, il est plus simple de se prononcer sur ces questions que de les penser dans une approche nouvelle qui appelle à une prise de conscience collective du sens de la résilience de nos territoires du vécu à ce genre de crise. Mais, avant tout un nécessaire retour aux signes marquants des ruptures actuelles, et qui ont vraisemblablement touché plusieurs domaines: économique, social, culturel, etc.
Ceci étant dit, il faut rappeler que les ruptures ne sont pas le fait d’une année, mais d’un cumul de plusieurs décennies.
Des dualités qui percent
D’abord, en temps social. Celui-ci a nettement changé durant cette année marquée par la prolifération de la pandémie du Covid-19. Veut-on une image ?
Tout voudrait que ça change, mais peu actionnent les leviers d’un changement possible. Pendant la pandémie, beaucoup ont cru au changement, de par la nature des discours des institutions officielles, mais aussi de la perception des citoyens envers ce probable retour d’un État qui protège, ou du moins un État qui régule, de ce que les économistes appellent un État-Providence.
Dans les faits, de nouveaux chantiers appelés à protéger les citoyens, à garantir l’accès à une sécurité sociale à tous est primordiale pour un pays qui se modernise par de grands projets structurant certains territoires compétitifs. La vision royale a pour objectif de préparer un citoyen capable d’affronter les incertitudes et les ambivalences des systèmes administratifs archaïques qui n’arrivent pas ou qui ne veulent pas changer et aider pour le changement vers une administration jeune, dynamique et numérique.
Jeunesse et vision numérique
Cette rupture est indispensable pour vivre et confronter les challenges à venir. Les pays qui se modernisent sont appelés plus que jamais à réfléchir structurellement aux potentialités accrues des jeunes d’aujourd’hui en matière de digitalisation et d’accès à des bases numériques permettant d’améliorer l’offre des administrations et des entreprises en matière d’efficacité et de performance demandées.
Cette idée de ruptures est liée à celle du renouveau des systèmes d’éducation et de formation. L’école dans cette nouvelle décennie ne doit plus se pencher sur les savoirs propres à une discipline, elle doit apprendre aux jeunes générations le savoir-être et le savoir-vivre qui deviennent en temps de post-modernisme les clés pour réussir leurs vies. Certes, la question est complexe et nécessite une prise en compte d’autres dimensions telles que les politiques publiques axées sur les jeunes. Beaucoup répliquent le discours sur les politiques des jeunes. Or, en réalité, ces politiques ne sont pas efficaces et manquent d’une vraie gouvernance par les projets.
Culture et Diversité ou la diversité culturelle
C’est un autre aspect qui doit être pris au sérieux dans les visions politiques de l’État en rappelant qu’il touche tous les autres dossiers stratégiques de l’Etat. Il faut là aussi une véritable rupture avec le modèle actuel. La diversité culturelle telle qu’elle est exercée par un certain nombre d’acteurs pionniers en la matière mérite un grand appui de l’État, puisque tout simplement il transcende tous les autres domaines du politique au social.
Les jeunes peuvent vraisemblablement porter cette valeur de diversité en temps de rupture, elle est garante d’un mieux vivre-ensemble, pas dans les théories, mais réellement dans toutes les pratiques à émerger dans la décennie à venir.
La société postmoderne et le devenir du politique
A quelques mois des élections électorales au Maroc, le débat sur la place du politique dans la résilience des sociétés postmodernismes semble, jusqu’à l’heure très fermé sur certaines élites et ne trouve pas de place dans les débats publics. C’est vrai que l’opinion publique et les acteurs de l’Etat sont tournés actuellement sur la question du vaccin contre la Covid-19, mais ne faut-il pas continuer à réfléchir sur ces questions de nature à créer des plateformes de réflexions numériques sur le devenir du politique ?
Faut-il le rappeler, l’indice de confiance entre les citoyens marocains et les institutions de l’État ne semble pas connaître une évolution constante. Il agit en fonction des périodes et les mécanismes du Marché, pour reprendre l’expression « en dent-de-scie » effet de structure au sens plus large. Les perceptions changent vite et ne permettent pas de dessiner une rupture au sens d’une évolution de la confiance chez les citoyens.
Une confiance qui a été mesurée positivement pendant le confinement mais qui tend à s’émousser au fil de l’année que nous venons de quitter, notamment avec la parution du vaccin.
Il nous faut un nouveau contrat politique où les jeunes sont appelés à créer des changements dans la perception et la conception des projets de société. Sans eux, toute politique à venir ne saura répondre aux enjeux de la décennie à venir.
Actuellement, les Marocains aspirent dans cette quête d’un nouveau modèle de développement à un véritable processus de développement où on n’exclut personne, où la vision politique se conjugue avec la capacité de nos acteurs du territoire, mais aussi avec les acteurs de la culture et les politiques des jeunes pour, non pas seulement dépasser la crise et reprendre, mais que la rupture soit un véritable aspect de négociation et de dévouement de la part de ces acteurs à faire de ce Maroc, un pays où son modèle repose sur ce que nous sommes et sur ce que nous voudrions être.