Soutien de l’État aux partis politiques. L’USFP et le Parti marocain libéral dans le collimateur de Jettou

La Cour des Comptes a annoncé mardi la publication d’un rapport relatif à l’audit des comptes des partis politiques et à la vérification de la sincérité de leurs dépenses au titre du soutien accordé par l’Etat, pour la contribution à la couverture de leurs frais de gestion et d’organisation de leurs congrès nationaux ordinaires au titre de l’exercice 2019. Élaboré en vertu des dispositions de l’article 147 de la Constitution, de l’article 44 de la loi organique n°29-11 relative aux partis politiques et de l’article 3 de la loi n° 62-99 formant code des juridictions financières, ce rapport montre que, selon les déclarations des partis politiques, les ressources totalisent un montant de 127,39 millions de dirhams (MDH), contre des dépenses de 145,73 MDH, indique la Cour des comptes dans un communiqué.

« En ce qui concerne la production des comptes annuels, il est à noter que trente-deux partis sur trente-quatre ont produit leurs comptes à la Cour. Par contre, le Parti Marocain Libéral et le Parti de l’Union socialiste des Forces Populaires ne se sont pas acquittés de cette obligation », fait savoir la même source.

L’audit des comptes des partis politiques et la vérification de la sincérité de leurs dépenses ont ainsi permis de relever plusieurs observations. « Conformément aux textes législatifs et réglementaires en vigueur, certains partis ont procédé à la restitution au Trésor d’un montant global de 5,07 MDH en 2019 et 7,08 MDH en 2020.

Toutefois, d’autres partis n’ont pas procédé à la restitution au Trésor d’un montant global de 13,75 MDH », relève la Cour des comptes. Il s’agit du montant du soutien indu (différence entre l’avance versée au parti et le montant du soutien lui revenant au vu des résultats du scrutin concerné), non utilisé (différence entre le montant du soutien accordé et le montant des dépenses réalisées) ou utilisé à des fins non prévues par les textes réglementaires en vigueur) ou non appuyé par des pièces justificatives, précise le rapport.

Concernant la certification des comptes par les experts comptables, le rapport indique qu’il a été constaté que parmi les 32 partis ayant produit leurs comptes, 28 ont produit des comptes certifiés, dont 26 sans réserve et 02 avec réserve, tandis que 03 partis ont produit des rapports d’experts comptables non conformes à la norme 5700 du manuel des normes d’audit légal et contractuel, établi par le conseil national de l’ordre des experts comptables du Maroc.

Et d’ajouter qu’un parti a produit son compte non certifié par un expert-comptable, alors que 05 partis n’ont pas produit l’intégralité des tableaux formant l’état des informations complémentaires (ETIC) stipulé par l’arrêté conjoint du ministre de l’Intérieur et du ministre de l’Economie et des Finances n°1078-09 relatif au plan comptable normalisé des partis politiques.

La Cour des comptes souligne également que 04 partis n’ont pas produit l’ensemble des relevés concernant leurs comptes bancaires, trois n’ont pas produit l’état des pièces justificatives prévu par l’article 44 de la loi organique n°29-11 précitée et un parti a enregistré au niveau du tableau du « financement public » et du compte de produits et charges, la contribution de l’Etat au renforcement des capacités des femmes, bien que ses relevés bancaires « ne fassent ressortir aucune opération se rapportant à cette contribution ».

L’institution fait aussi remarquer que 08 partis ont tenu leurs comptabilités conformément au code général de normalisation comptable sans prendre en compte les adaptations stipulées par le plan comptable normalisé des partis politiques, tandis que dix n’ont pas inscrit, au niveau du compte du bilan « Etat-créditeur », les montants du soutien qu’ils sont censés restituer au Trésor, alors que trois parti ont effectué des paiements au comptant.

Et de préciser que deux partis ont présenté des tableaux formant l’état des informations complémentaires non conformes aux modèles annexés à l’arrêté conjoint du ministre de l’Intérieur et du ministre de l’Economie et des Finances n° 1078-09 suscité, un parti n’a imputé au niveau du compte « Financement public » que la différence entre les montants du soutien reçus et ceux restitués au Trésor alors qu’un autre parti n’a imputé au niveau dudit compte que la différence entre les montants du soutien reçus et ceux à restituer au Trésor.

Le rapport fait également ressortir que deux partis n’ont pas imputé certaines recettes ou dépenses aux comptes adéquats et qu’un parti a produit des états de synthèse ne faisant pas état des soldes de l’exercice précédent ; de même les soldes des comptes du bilan de l’exercice 2018 n’ont pas été repris à l’ouverture de l’exercice 2019.

Côté dépenses, un montant de 2,34 MDH a fait l’objet d’observations de la part de la Cour des comptes, soit 1,6% du total des dépenses déclarées, contre 2,72% en 2018 et 5,55% en 2017.

Ces observations concernent des dépenses non appuyées par des pièces justificatives (81,03%), des dépenses appuyées par des pièces justificatives insuffisantes (2,06%) et des dépenses justifiées par des pièces non libellées au nom des partis (16,91%).