Les dernières images de la place de la République à Paris montrant des éléments du Polisario armés de bâtons agresser des femmes et des hommes d’origine marocaine, venus manifester pacifiquement leur soutien à l’initiative responsable du Maroc pour rétablir le trafic civil et commercial à El Guerguerat, ont jeté une « lumière crue sur l’activisme de ces séparatistes en territoires européens », écrit lundi le politologue Mostapha Tossa.
La violence étant l’ultime recours des désespérés, ces éléments séparatistes avaient manifestement l’intention de provoquer un coup médiatique pour attirer l’attention, souligne M. Tossa dans une analyse sous le titre « Polisario, une carte algérienne indésirable en Europe ».
« L’histoire de la présence du Polisario en Europe est intimement liée à l’appareil diplomatique algérien qui s’est chargé tout au long de ces années de l’introduire dans ses réseaux, de financer son installation, d’organiser ses activités », relève le politologue marocain dans cette analyse publiée sur le site Atlasinfo.
Pour les ambassades algériennes d’Europe, poursuit-il, le soutien au Polisario était la « carte maîtresse, le sujet cardinal de leurs choix diplomatiques ».
« Si cruciale et si importante que parfois la bonne relation avec le pays est souvent conditionnée à la bienveillance que ce dernier peut avoir à l’égard de la cause des séparatistes”, note-t-il, relevant qu’ »aujourd’hui, le Polisario est inaudible et invisible ».
Pour M. Tossa, l’appareil diplomatique algérien l’avait imposé à sa traditionnelle clientèle politique en France constituée en grande partie de groupes d’extrême gauche, observant que le Parti communiste français ou ce qu’il en reste « demeure presque le seul réceptacle au discours séparatiste ».
L’histoire diplomatique entre les deux rives de la méditerranée regorge de tentatives algériennes de chantages, de volontés de troquer un soutien au Polisario contre des concessions inédites de la part des autorités algériennes aussi bien politiques qu’économiques, à tel point qu’à un moment donné, l’Algérie avait mis en jeu sa réconciliation totale avec la France, avec laquelle pour des raisons historiques elle entretient une relation « abrasive et inachevée », si cette dernière changeait sa politique à l’égard du Sahara marocain, rappelle M. Tossa.
Et d’ajouter que les multiples tentatives algériennes ont « spectaculairement échoué à polluer le partenariat stratégique entre les pays de l’Union européenne et le Royaume du Maroc », faisant observer que la dernière bataille qui avait clos ce chapitre fut l’adoption par le Parlement européen du nouvel accord de pêche Maroc- UE, dont la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rejeté la demande introduite par le Polisario, chaperonné en désespoir de cause par les services algériens pour l’annuler.
« La position des pays de l’Union européenne est favorable au Maroc et soutient les efforts du royaume et des solutions pour sortir de cette crise chronique », souligne le politologue, qui rappelle que les pays européens avaient récemment renouvelé leur « appui aux efforts du secrétaire général de l’ONU pour poursuivre le processus politique visant à parvenir à une solution politique, juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara, qui repose sur le compromis en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment la résolution 2468 du 30 avril 2019 ».
A cette position claire, il faut rajouter une perception européenne du Polisario comme un élément « chronique de déstabilisations » dans une région sous la menace permanente de groupes terroristes armés et souvent manipulés, observe-t-il, en notant que dans leur tentative « d’empoisonner » la relation Maroc/Europe, « les services algériens avaient désigné en février 2013 un avocat d’affaires franco-algérien Chems-Eddine Hafiz, pour déposer un recours contre l’Accord agricole entre Rabat et Bruxelles devant la Cour européenne de justice ».
Le même Chems-Eddine Hafiz est devenu quelques années plus tard recteur de la mosquée de Paris dans des « circonstances troubles », poursuit M. Tossa.
« Échec sur toute la ligne des tentatives algériennes de faire pression sur les pays de l’Union européenne. Pire, ces pays furent plongés dans une grande gêne quand fut porté à leur connaissance par des médias ou des députés européens le scandale du détournement de l’aide humanitaire que l’Union européenne accorde généreusement aux réfugiés des camps de Tindouf en Algérie », souligne-t-il.
Dans cette affaire, le comportement « mafieux des généraux algériens » est apparu au grand jour quand des produits de première nécessité destinés à l’aide humanitaire pour les camps de Tindouf se sont retrouvés sur les étals des marchés algériens, relève-t-il.
Pour l’auteur de l’article, « d’échec en échec, le Polisario, carte de manipulation anti-marocaine dans l’arsenal diplomatique algérien, est en train de perdre sur toute la ligne », et son image est ternie.
« Le risque pour tenter de la revigorer aux yeux de l’opinion internationale est de procéder à une double radicalisation: celle des provocations militaires sur le terrain comme l’a suggéré l’épisode d’El Guerguerat ou de pousser les éléments du Polisario installés en Europe à adopter l’agressivité et la violence comme mode d’expression », conclut-il.