Avec la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, la sénatrice démocrate de Californie Kamala Harris a franchi l’un des derniers obstacles pour les femmes en politique aux Etats-Unis. La fille de deux immigrés est devenue la première femme élue au poste tant convoité de vice-présidente.
Le jour de l’inauguration de Biden en janvier prochain, la sénatrice de 56 ans deviendra non seulement la première femme vice-présidente, mais également la première femme américaine noire, indienne et caribéenne à occuper la deuxième plus haute fonction du pays.
La victoire de Harris l’élève au rang de la plus haute élue de l’histoire américaine, devant la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.
Pour de nombreux observateurs, Harris, elle-même candidate malheureuse à l’investiture du parti démocrate, s’est vue propulsée du jour au lendemain au rang de figure de relève du parti démocrate pour les prochaines échéances présidentielles.
« Pour vous donner une idée de la rareté de ce fait (…) il n’y a pas eu de femmes noires gouverneurs, et il n’y a eu que deux femmes noires au Sénat des États-Unis et elle en fait partie », a déclaré au quotidien The Hill Duchess Harris, professeur de politique afro-américaine moderne au Macalester College. « En termes de symbolisme, cela brise vraiment un plafond de verre ».
Le mandat de Harris en tant que vice-présidente fait qu’elle est idéalement placée pour devenir le prochain candidat démocrate à la présidence dès 2024 si Biden ne serve qu’un seul mandat.
La sénatrice californienne est désormais « mieux placée que quiconque ne l’a jamais été » pour devenir la première femme présidente des États-Unis, d’après la professeure du Commonwealth en politique à l’Université de Virginie, Jennifer Lawless.
Harris est devenue la quatrième femme à apparaître sur le ticket d’un grand parti après que Biden l’ait déclarée sa colistière en août. Elle a emboîté le pas à l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton, qui a concouru pour la présidence en 2016, et Geraldine Ferraro et Sarah Palin, qui se sont présentées au poste de vice-présidente en 1984 et 2008, respectivement.
Pour le New York Times, « Mme Harris, 56 ans, incarne l’avenir d’un pays de plus en plus diversifié sur le plan racial, même si la personne choisie par les électeurs pour la tête du ticket est un Blanc de 77 ans ». « Je suis peut-être la première femme à occuper ce poste, je ne serai pas la dernière », a promis Mme Harris dans sa première apparition vendredi comme vice-présidente élue.
Fille d’immigrés, Mme Harris a notamment évoqué la mémoire de sa défunte mère, Shyamala Gopalan, qui personnifie, selon elle, la « lutte » et la « détermination » des femmes en Amérique.
« Lorsqu’elle est arrivée de l’Inde à l’âge de 19 ans, elle n’a peut-être pas tout à fait imaginé ce moment”, a relevé Mme Harris lors de son allocution. “Mais elle croyait si profondément en une Amérique où un moment comme celui-ci est possible” », a-t-elle dit.
Ancienne procureur du district de San Francisco, Harris était déjà la première femme noire à devenir procureure générale de Californie. Lorsqu’elle a été élue sénatrice des États-Unis en 2016, elle n’est devenue que la deuxième femme noire de l’histoire de la chambre haute.
Presque immédiatement, elle s’est bâtie une réputation à Washington avec son style d’interrogatoires musclé lors des audiences du Sénat, faisant passer des moments difficiles à ses adversaires qui ont parfois fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Pendant la primaire du parti démocrate, Joe Biden s’était engagé à choisir une femme pour colistière. Après les mouvements de manifestations contre le racisme ayant émaillé le pays après la mort de George Floyd en mai, de nombreuses voix se sont élevées au sein de l’électorat démocrate pour réclamer le choix d’une femme de couleur pour le poste de vice-présidente. Avec Mme Harris, leur souhait a été exaucé.
Farouq El Alami (MAP)