Les récents attentats en France, dans leurs aspects inhumains et sordides, ne peuvent que nous inciter à crier encore une fois notre rejet de toute forme de violences, malgré la justesse ou non de la cause défendue, surtout quand celle-ci tend à prendre des dimensions supranationales.
Nous le savons, le terrorisme -quelle que soit sa prétendue idéologie- est condamné par la quasi-totalité des communautés des croyants ; l’humain en général n’aspirant qu’à vivre, parfois survivre, dans une paix relative.
La configuration d’une émancipation locale d’un groupe régional ou ethnique dans une guerre localisée est le propre de chaque époque, au contraire de la tendance actuelle des tenants du fameux choc des civilisations qu’ils théorisent, justifient et n’ont cesse de vouloir démontrer et prouver, il faut le dire, avec de plus en plus de succès depuis quelques décennies.
Le paysage médiatique aidant, on le constate par le traitement surdimensionné de certains faits, qui tiennent plus de la criminalité la plus sauvage, occultant de ce fait plusieurs actes similaires qui malheureusement frappent certaines victimes.
Avec une moyenne de près de 2,4 meurtres quotidiens en France, selon le Ministère de l’Intérieur français pour l’année 2018, il suffit qu’un illuminé censément islamiste crie « Dieu est Grand » pour que les sorties médiatiques des théoriciens du danger islamiste s’y mettent.
Le matraquage médiatique se met en branle telle une horloge bien huilée, ajoutant ainsi à une méfiance intracommunautaire déjà bien implantée dans les esprits… Et du profil du meurtrier (présumé innocent selon la loi), nous ne savons que peu de choses les premiers temps sauf sur ses origines.
La facilité tend à pointer du doigt les 8% de la population française qui est de confession musulmane selon l’INSEE, l’organisme officiel des statistiques en France ; du fait des actes de certains qui nous le voyons chiffres à l’appui, sont très minoritaires.
Hélas, il y aura toujours des illuminés pour passer à l’acte, d’autres encore pour pêcher ou encore pour organiser des actions de terreur, et cela doit être le rôle des élites et des décideurs de travailler à endiguer ces fléaux dans une réponse qui ne peut être que globale et transversale.
Les forces politiques françaises ont failli, tant vis-à-vis de leurs valeurs d’universalité, de droits humains, que par rapport à leurs citoyens qui vivent de plus en plus dans la peur de l’autre ; cet autre potentiellement islamiste puisque ses valeurs seraient foncièrement contraires à celles de la république.
Ils ont failli, parce que leur rôle premier de gouvernance est la gestion des problématiques sociales, économiques et politiques et non l’exacerbation des tensions ; avec cet exemple éloquent du Ministre de l’Intérieur (et des cultes il faut le préciser) qui déclare sans fioritures : « Nous sommes en guerre face à un ennemi, qui est à la fois un ennemi intérieur et un ennemi extérieur ».
Le spectre de la cinquième colonne revient au-devant de la scène, et l’histoire nous enseigne qu’il est si facile de jouer sur la crainte et l’inquiétude, au lieu de stratégies durables dont les résultats ne peuvent qu’être long-termistes. ; et donc en dehors de la logique des rendez-vous électoraux.
L’approche des échéances électorales pousse certaines personnalités de premier plan à se jeter dans la course de grignotage des voix de l’électorat issu de l’extrême droite qui, qu’on l’accepte ou non, connaît et continuera à connaître de plus en plus de succès.
Cette polarisation des discours est une tendance plus que condamnable, qui endigue toute résolution salutaire d’un problème plus profond, qui est et sera celui d’une société de plus en divisée entre les communautés qui la composent.
Des exemples passés et actuels d’une cohabitation sereine entre une mosaïque de croyances et de religions existent ; et les spécialistes gagneraient à s’y pencher ; sinon quel monde souhaitons-nous laisser à nos enfants ?