Depuis mars 2020, elle multiplie les apparitions médiatiques. Devant l’étrange silence d’enterrement où se sont confinés bien d’autres chefs de partis, malgré la crise sanitaire inédite due à la pandémie de coronavirus, elle a fait le choix d’accompagner le citoyen durant cette épreuve pénible par un travail intense d’explication et d’éclairage sur ses implications médicales, économiques, sociales et… politiques. A priori, le citoyen ne pouvait que se réjouir de la prise d’initiative et de l’audace dont a elle a fait preuve, d’autant plus que ladite initiative porte la signature d’une femme, oui, Nabila Mounib, Secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU).
Une belle revanche sur le « mâle »-être d’une classe politique qui peine à sortir de sa léthargie.
Or, c’était trop gros pour être vrai. Le Covid-19 serait, paf!, une invention humaine! Les vaccins anti-covid-19 exciperaient, re-paf!!, d’une volonté de « tahakkom » de la part des puissants de ce monde et d’oppression des peuples tiers, que sais-je, quart-mondistes!
À peine l’auteure de ces propos conspirationnistes n’eût-elle, hic et nunc, déclaré la 4ème Guerre mondiale!
Pareilles « illuminations » chères aux tenants de la théorie du complot planétaire ont valu à leur auteure une cinglant désaveu de la part même de ses camarades au sein du Parti socialiste unifié. « Les propos de Nabila Mounib n’engagent ni le PSU ni la Fédération de la Gauche démocratique (PSU, PADS ET CNI), en tout cas pas la majorité de leurs membres qui sont plus enclins à l’exercice de la raison et de la science qu’au retour aux théories fumeuses du complot », a précisé un membre dirigeant au sein du parti contacté par lecollimateur.ma
Mais passons, car il semble que les graves propos tenus par Nabila Mounib servent d’écran de fumée à la crise intestine profonde qui secoue le PSU. La tentation de l’unilatéralisme de la SG de ce parti né d’une scission de l’USFP, est pointée comme la cause principale du malaise généralisé que vit le parti de « la gauche de la gauche ». L’épisode de la mise au placard d’Omar Balafrej, pour avoir dénoncé via une lettre au chef du gouvernement ceux qui, par ignorance ou déni de la réalité, tentent de mettre en doute le danger que représente le Covid-19, illustre parfaitement une crise de démocratie interne. Le jeune parlementaire a été dernièrement interdit d’animer un colloque au profit de ses consoeurs, au siège casablancais du PSU.
Au-delà de cet acte de punition et de censure, un autre point et non des moindres vient envenimer le climat au sein du PSU. Le projet d’unification des partis de gauche (PSU, PADS, Congrès national ittihadi) sous la bannière de la Fédération de la Gauche démocratique, est toujours en berne, malgré sa mise en orbite en 2014. Et pour cause, Nabila Mounib serait opposée à la redynamisation de ce bloc de gauche sous prétexte que les conditions ne sont pas encore réunies.
Mais la goutte qui risque de faire déborder le vase, c’est l’hypothèse d’un troisième mandat au profit de Nabila Mounib, sachant que son deuxième mandat arrivera à terme en janvier 2021. Pareille éventualité fait craindre aux camarades de Mohamed Sassi et Mohamed Hafid une déviation inacceptable des principes fondateurs de ce parti de gauche, qui se revendique des idées de démocratie et de progrès.
Sassi, Hafid, réveillez-vous!!