Vidéo. Chant amazigh: éloge de l’authenticité

« Assi re7ilench awa … assikh wino dharach ». (أسي رحيلنش أوا …. أسيخ وينو ظاراش). La traduction du refrain signifie : « Déménage tes meubles… je déménagerai les miens… pour te rejoindre »… pour se retrouver ensemble. Où ?

Certainement dans un autre patelin. Quoi qu’il en soit, on comprend que l’espace ne comptait pas. L’essentiel est de se retrouver ensemble. Et vivre l’amour. C’est le non-dit du refrain de cette chanson qui a résisté à l’usure du temps. D’ailleurs, elle reste toujours d’une actualité brûlante, véhiculant le courage de la femme et de l’homme amazighs, leur engagement, leurs sacrifices et leur fidélité à l’amour.

 

 

 

 

En fait, les mots finement choisis ont un sens profond. Et la musique, reflet fidèle de l’amazighité, a préservé ses vertus singulières et son potentiel à faire rayonner les valeurs des femmes et des hommes. Ce qui a couronné ce patrimoine d’une sainteté qui s’éloigne du monde profane et reste au-dessus des manipulations des «clics», du «prêt à… écouter» et du consommable.

A propos de ce consommable qui laisse à désirer, force est de constater que le phénomène ternit l’art à bien des égards. On dope, on booste et on emballe pour faire monter le nombre de «vues» et vendre la « marchandise ».

Dans ce sillage, l’histoire d’un courtier dans l’Hexagone explique bien comment les dessous de la manœuvre se sont retournés contre une crieuse/chanteuse qu’il voulait vendre. Ce courtier s’est adressé à un annonceur, en mettant en avant le nombre de « vues » pour accompagner la « marchandise » présentée.

« Nous avons X millions de vues», annonça fièrement le courtier, puisant dans la nappe linguistique du marketing d’aujourd’hui pour persuader l’annonceur afin de passer à la caisse. Mais c’était sans compter sur l’immunité intellectuelle de cet annonceur qui a immédiatement et rapidement anesthésié la stratégie du « messager ».

« Sur ce nombre de vues impressionnant, pouvez-vous me détailler quelle serait la part des fans, le pourcentage de l’artificiel, l’apport du dopage, la part de ceux qui partagent non pas pour manifester leur admiration, mais plutôt pour exprimer leur colère et enfin le nombre de ceux qui cliquent par curiosité, n’ayant aucun lien avec le domaine», dira l’annonceur d’un ton calme, mais non moins provocateur.

Ce à quoi le courtier, inondé de sueur, a répondu par un sourire forcé, en prenant la poudre d’escampette. Voilà, comment s’est effrité le mythe du nombre de «vues» uniquement en s’amusant à regarder de plus près. Et oui, dit-on: de loin c’est une chose, de près c’en est une autre.