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Le Collimateur Culture. Abdou EL MESNAOUI: « Mon parcours n’a pas été un long fleuve tranquille »

L’artiste Abdou EL MESNAOUI, de son vrai nom Abdellatif Nassib, est l’une des figures artistiques marocaines les plus importantes, ayant marqué de son empreinte le théâtre, le cinéma et la télévision. 

Né en 1970 à Casablanca, il a su, au cours d’une longue carrière, allier jeu d’acteur, réalisation et enseignement universitaire à Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel et du Cinéma (ISMAC), pour devenir l’un des piliers du septième art au Maroc et l’une des voix qui ont accumulé une riche expérience s’étendant sur plusieurs décennies.

Dans une interview au journal lecollimateur.ma, Abdou EL MESNAOUI a évoqué sa longue carrière, les difficultés rencontrées, sa vision de la réalité de l’art marocain aujourd’hui et ses projets.

 

 

L’artiste se souvient de ses débuts artistiques au sein du théâtre amateur du quartier Ben M’sik Sidi Othman, où il a découvert sa première passion pour la scène. À cette époque, il poursuivait des études de droit avant de décider de se consacrer pleinement à l’art.

Il choisit de s’inscrire à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle (Isadac), où il reçut pendant quatre ans une formation approfondie en jeu d’acteur et en mise en scène, auprès de professeurs marocains et étrangers, notamment belges, qui eurent une grande influence sur le perfectionnement de son talent et la formation de sa vision artistique.

Après avoir obtenu son diplôme, Abdou EL MESNAOUI s’est lancé avec force dans le monde du théâtre. Il a ainsi fondé la troupe de théâtre Générations, véritable creuset entre pionniers et lauréats de l’Isadac, et a présenté des œuvres théâtrales à succès avec de grandes figures de la scène tels que feu Mohamed Benbrahim, Rachid El Ouali et Nouzha Regragui, à travers des pièces comme « Dandana » et « Fatna Ya Fatima », entre autres.

Abdou EL MESNAOUI est passé du théâtre à la télévision et au cinéma, non seulement comme acteur, mais aussi en occupant d’importantes fonctions techniques, notamment celles d’assistant réalisateur et de régisseur, avant de devenir directeur de production sur plusieurs productions marocaines et internationales. Ce parcours technique lui a permis d’acquérir une vision plus globale des rouages ​​de l’industrie audiovisuelle.

Après avoir obtenu son diplôme de l’institut, il a poursuivi sa formation académique et obtenu une maîtrise en développement et gestion culturels, ce qui lui a permis d’entrer à l’Université Mohammed V – Souissi, où il a supervisé des clubs culturels et des activités artistiques, et a mis en place des festivals et des rencontres qui ont permis à de nombreux jeunes de découvrir leurs talents.

Ce parcours a abouti à sa nomination comme directeur du Théâtre national Mohammed V pour une durée de deux ans, avant l’obtention d’un doctorat en audiovisuel et communication, et son entrée à Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel et du Cinéma en tant que chargé de cours en réalisation et production.

En parallèle, il a poursuivi ses productions artistiques et a présenté des courts métrages tels que « Safsata ou Sophisma » et « Le Stylo rouge », ainsi qu’un documentaire sur la culture hassanie.

Concernant ses débuts de scène, Abdou EL MESNAOUI a indiqué que ce n’était pas un long fleuve tranquille, en particulier pour sa génération, qui compte parmi les premières promotions de diplômés de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle.

Il a ajouté : « Obtenir des opportunités n’a pas été facile, mais j’ai bénéficié d’un soutien formidable de la part d’artistes exceptionnels comme Nezha Regragui, Rachid El Ouali et feu Benbrahim. Grâce à ce soutien, à un travail acharné et à ma persévérance, j’ai pu construire ma carrière étape par étape. »

Abdou EL MESNAOUI n’a pas caché son inquiétude quant à la situation artistique actuelle, considérant que « la porte de l’art s’est ouverte aux influenceurs qui entrent dans le domaine sans formation ni talent », ce qui a affecté négativement la qualité des productions artistiques.

Tout en reconnaissant l’existence de jeunes talents prometteurs, il estime que « l’absence de normes professionnelles a créé un déséquilibre manifeste ».

Concernant le cinéma marocain, il a dit qu’une période précédente avait été marquée par un dynamisme important grâce à de jeunes réalisateurs novateurs, ainsi qu’à des réalisateurs marocains de renommée internationale. Cependant, ces dernières années ont vu une baisse de qualité due à l’évolution des méthodes et à la prédominance des approches commerciales.

Il a ajouté : « L’absence de salles de cinéma dignes de ce nom et le manque d’infrastructures indépendantes capables de fidéliser un public ont entraîné le déclin du cinéma marocain, malgré la profusion de productions. »

Il a toutefois affirmé qu’« il reste de l’espoir », à condition que la qualité et les infrastructures de base soient rétablies.

Concernant ses projets les plus récents, Abdou EL MESNAOUI a révélé qu’un téléfilm et un film étranger étaient en cours de discussion. Il travaille également à la réalisation d’un long métrage, actuellement en phase d’écriture, adapté d’un roman marocain, dont il espère une sortie prochaine.

L’artiste a adressé un message aux jeunes qui se lancent dans les arts : « Entrez dans ce domaine par amour, et non par désir de gloire. L’art exige de la patience et de la créativité, et c’est le public qui est le véritable juge. »

Il a souligné le rôle éducatif et esthétique fondamental de l’art, et a affirmé que le succès ne s’obtenait ni par des profits rapides ni par la quête de la célébrité.

 

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