
Par: Reda JAALI
Une ligne née d’une vision royale pour l’Oriental
C’est en mars 2009 que fut inaugurée la ligne ferroviaire Taourirt–Nador, dans le cadre de l’Initiative Royale pour le Développement de la Région de l’Oriental, lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 18 mars 2003 à Oujda.
Ce projet structurant visait à désenclaver la région, favoriser son intégration dans le tissu économique national, et offrir à ses populations les infrastructures essentielles à leur développement.
La ligne Taourirt–Nador fut saluée comme une avancée majeure, reliant pour la première fois la ville de Nador au réseau ferré national, via Taourirt. Mais seize ans après son inauguration, le maillon entre Oujda et Nador reste incomplet, les voyageurs étant toujours contraints de changer de train à Taourirt difficilement.
Et si l’on faisait avec l’existant ?
Un projet de ligne ferroviaire directe entre Oujda et Nador via Berkane a bien été évoqué depuis plusieurs années. Il permettrait un trajet plus court, traversant des zones à forte densité, et serait sans doute la solution idéale à long terme.
Mais ce projet tarde à se concrétiser, et reste bloqué à l’étape des études ou des intentions.
Pendant ce temps, le réseau ferroviaire actuel est déjà prêt :
- La ligne Oujda–Fès, d’un côté,
- La ligne Taourirt–Nador, de l’autre.
Il serait donc possible de connecter ces deux lignes via Taourirt, sans correspondance, pour offrir immédiatement une liaison directe Oujda–Nador.
Une réussite qui pourrait tout changer
Mieux encore : si cette liaison directe via Taourirt rencontre un succès commercial et populaire, en attirant une clientèle régulière, elle pourrait jouer un rôle de levier auprès de l’ONCF et des décideurs.
Ce gain de fréquentation renforcerait l’argument économique en faveur du projet Oujda–Berkane–Nador, et accélérerait sa réalisation, en prouvant qu’il existe un véritable besoin et une demande soutenue pour relier ces deux villes stratégiques de l’Oriental.
Et si l’on allait plus loin…
J’ai évoqué la proposition de cette idée en 2010, je n’ai jamais cessé d’y croire, allant jusqu’à créer un groupe Facebook dédié à l’époque : “Train direct Oujda ↔ Nador”.
Aujourd’hui, dans un contexte où la région de l’Oriental aspire à une meilleure connectivité, cette proposition refait surface avec force et pertinence.
Une attente partagée dans l’Oriental
Actuellement, le trajet Oujda–Nador impose une très longue correspondance à Taourirt. Cette contrainte rallonge le voyage, décourage les usagers, et nuit à la fluidité des déplacements entre deux pôles majeurs de l’Oriental.
Un train direct permettrait de supprimer cette correspondance, d’améliorer le confort des voyageurs, et de renforcer la cohésion territoriale au sein d’une région souvent oubliée des grands projets d’infrastructure.
Une connexion stratégique entre deux aéroports
Ce train ne se contenterait pas de relier deux villes : il connecterait aussi deux aéroports internationaux de l’Oriental :
- L’aéroport Oujda-Angads,
- et l’aéroport de Nador Al Aroui.
Ce lien intermodal faciliterait les correspondances aériennes, fluidifierait le transport des passagers, et renforcerait l’attractivité de toute la région.
Une liaison estivale comme tremplin
La première étape serait de tester une liaison estivale, avec un aller-retour quotidien ou tous les deux jours.
Objectifs : accompagner le retour des MRE, alléger le trafic routier, dynamiser l’économie locale et mesurer l’engouement des usagers.
Une phase pilote qui pourrait déboucher, en cas de succès, sur une liaison permanente, comme cela a été le cas pour d’autres axes ferroviaires saisonniers au Maroc.
Répondre aux sceptiques : oui, le train peut convaincre
Certains diront que le trajet Oujda–Taourirt–Nador est trop long par train comparé à la route passant par Berkane ou Saïdia.
Mais cette remarque néglige un fait important : de nombreux usagers préféreront le train dès qu’il leur sera offert.
L’exemple de Rabat–Meknès est parlant. Sur la carte, la voie ferrée est bien plus longue que la route directe ou l’autoroute : elle passe par Kénitra, Sidi Kacem, puis redescend vers Meknès en serpentant à travers plusieurs courbes.
Et pourtant, le train entre Rabat et Meknès est plein, chaque jour. Pourquoi ?
Parce que le train offre confort, sécurité, stabilité de prix, pas de surcharge, ni de stress routier.
Appliqué à l’Oriental : même si le train met un peu plus de temps que le taxi ou l’autocar via Berkane, une part importante des voyageurs optera pour le rail, dès lors que l’offre est claire, directe, et sans correspondance.
Une vision cohérente avec l’esprit de l’Initiative Royale
Cette idée citoyenne ne fait que prolonger l’esprit de l’Initiative Royale de 2003 : rapprocher les villes de l’Oriental, connecter les citoyens, et donner à cette région toute sa place dans la dynamique nationale.
Ce train ne serait pas qu’un transport : il serait un lien, une ouverture, une promesse.
Aujourd’hui plus que jamais, il est temps d’écouter ces idées nées du terrain, soutenues par les citoyens, et porteuses d’un avenir meilleur pour toute une région.

