Par: Samia Mejrade
Lors du 38e Sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu le 16 février 2025 à Addis-Abeba (Éthiopie), les chefs d’État et de gouvernement des 54 pays membres ont adopté deux résolutions majeures, la première porte sur les actions du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine ainsi que sur l’évolution de la situation en matière de paix et de sécurité sur le continent, la seconde concerne le rapport biennal du Conseil de Paix et de Sécurité, qui évalue les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Feuille de Route centrale de l’UA.
L’ONU, seul cadre légitime pour le Sahara
Aucune des deux décisions adoptées – l’une concernant les activités du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA (CPS-UA) et l’autre portant sur la Feuille de Route pour « faire taire les armes » – ne fait référence à la «Question Nationale». Ce silence est volontaire et renvoie directement à la Décision 693 adoptée lors du Sommet de Nouakchott en 2018, où les États membres avaient unanimement reconnu que le processus mené par l’ONU était la voie principale pour résoudre ce différend.
«L’UA ne peut être un forum parallèle. Les défis actuels – terrorisme, dérèglements climatiques, transitions politiques – exigent une unité d’action», explique une source diplomatique africaine. Une position qui marginalise les tentatives de réactiver le débat sur le Sahara au sein de l’organisation, au profit d’une approche pragmatique centrée sur les urgences continentales.
Le Sommet a réservé une place de choix aux contributions marocaines
Le Point 13 souligne le rôle clé des réunions organisées au Maroc entre factions libyennes en décembre 2024, qui ont permis de débloquer des lois électorales cruciales, réaffirmant l’Accord de Skhirat (2015) comme base essentielle pour une solution politique en Libye.
Le Point 19 félicite le Maroc pour avoir formé, pour la troisième fois consécutive, les observateurs électoraux de l’UA, renforçant ainsi son rôle de partenaire technique clé, tandis que le Point 21 salue la présidence marocaine du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, une première pour un pays africain.
Le Point 35 met en avant l’Union panafricaine de la Jeunesse (UPJ), basée à Rabat et financée principalement par le Département de la Jeunesse marocain, comme un outil essentiel pour mobiliser les jeunes dans les processus de paix.
Enfin, le Point 20 encourage les États à suivre l’exemple du Maroc en promouvant «l’unité nationale, le dialogue et la réconciliation » à travers des cadres législatifs concrets, illustrant ainsi l’engagement du Royaume en faveur de la justice transitionnelle.
La Déclaration de Tanger, boussole de l’initiative « Faire taire les armes »
La deuxième décision définit les actions concrètes pour parvenir à un cessez-le-feu durable et mettre fin aux conflits armés en Afrique. Elle inscrit la Déclaration de Tanger (Point 9) comme référence pour l’action continentale. Portée par le Maroc en 2022, celle-ci promeut une approche intégrée associant sécurité, développement et inclusion sociale. Les États sont incités à s’en inspirer pour lutter contre le recrutement d’enfants soldats (Point 33), protéger les réfugiés des groupes armés (Point 34), et impliquer les jeunes via des structures comme l’UPJ (Point 35).
L’initiative AMUR (Médiation et Réconciliation de l’UA) est également mise en avant pour renforcer les capacités locales de résolution des conflits.