Par: Samia Mejrade
Dans une analyse publiée avant le premier Conseil monétaire de 2025, BMCE Capital Global Research (BKGR) met en garde contre une possible résurgence de l’inflation au Maroc. Cette pression, liée à une inflation importée plus élevée et à un ralentissement potentiel chez ses partenaires économiques, intervient dans un climat international marqué par l’incertitude, notamment après les mesures tarifaires « abruptes » annoncées par l’administration Trump.
Rebond inflationniste en début d’année
Si les indicateurs de 2024 suggéraient un apaisement des tensions sur les prix, les données de janvier 2025 révèlent une inversion de tendance. L’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint 119,9 points, avec une inflation annuelle passant de 0,7 % en décembre 2024 à 2 % sur un an. Une progression mensuelle de 0,8 %, portée principalement par les produits alimentaires (+1,6 %), où les prix des denrées de base (poissons +6 %, légumes +4,7 %, viandes +2 %) ont connu des hausses significatives. Les prix non alimentaires, eux, restent stables, à l’exception des services de restauration (+0,3 %).
Ramadan et incertitudes internationales : des facteurs clés
BKGR anticipe une persistance de cette pression inflationniste dans les prochaines semaines, notamment durant le Ramadan, période traditionnelle de tensions sur les prix alimentaires. S’y ajoute un contexte mondial instable. «Le Royaume pourrait subir les effets d’une inflation importée accrue et d’un ralentissement économique chez ses partenaires, affectant la demande extérieure», précisent les analystes.
Autre variable à surveiller : la décompensation graduelle du gaz butane, susceptible de générer de nouvelles hausses de prix. Si Bank Al-Maghrib (BAM) a légèrement abaissé ses prévisions d’inflation pour 2025 (à 2,4 % contre 2,5 %), ces éléments pourraient conduire à une révision à la hausse.
Impact des tensions commerciales et statu quo monétaire attendu
Les récentes mesures protectionnistes américaines, dont une surtaxe de 10 % sur certains produits chinois début février, n’ont pas encore pleinement irrigué les données économiques. Goldman Sachs a néanmoins relevé ses prévisions d’inflation de base aux États-Unis à 2,9 % pour fin 2025, contre 2,4 % auparavant – un signal susceptible de rejaillir sur les coûts d’importation marocains.
Malgré ces risques, BKGR table sur un maintien du statu quo monétaire lors du prochain Conseil de BAM, le 18 mars. La banque centrale devrait conserver sa politique actuelle, jugeant la trajectoire inflationniste globalement conforme à ses attentes. Elle restera toutefois vigilante face aux tensions sur les denrées alimentaires et aux perturbations extérieures.
Une vigilance maintenue
Si l’inflation marocaine semble maîtrisée, sa nature imprévisible et sa sensibilité aux chocs externes – qu’ils soient géopolitiques, climatiques ou économiques – imposent une prudence accrue. Malgré les outils monétaires déployés, les analystes rappellent que les équilibres restent fragiles, nécessitant un suivi rapproché des dynamiques locales et internationales