Les patrons des écoles privées « décrètent » une grève nationale ce mardi 30 juin 2020. Un nouveau palier est donc franchi dans leur surenchère pour faire plier non seulement les parents d’élèves en difficulté financière en raison de la crise due au coronavirus, sans doute lorgnent-ils le fonds de gestion de la pandémie pour bénéficier des aides exceptionnelles de l’État.
Face à cette surenchère, la posture affichée par Saïd Amzazi résonne comme un aveu d’impuissance. Pourquoi ne fait-il pas usage de ses prérogatives de ministre de tutelle, nommé par sa Majesté le Roi, pour trancher au lieu de laisser pourrir la situation? Qu’attend-il pour apporter la solution idoine à cette crise qui déchire depuis déjà trois mois, écoles privées et parents d’élèves? Qu’est-ce qui le fait hésiter à prendre la décision qui s’impose pour départager les protagonistes de cette querelle qui n’est pas près de se terminer? Pourquoi n’a-t-il pas pris les mesures disciplinaires appropriées à l’encontre du patron d’école privée qui avait été jusqu’à menacer via une vidéo devenue virale, de « lister » les parents d’élèves « indisciplinés » et tout, et tout… ?
Rappelez-vous: il y a quelques jours, le Collimateur titrait: « Pour qui roule Amzazi? ». Une question à laquelle le ministre de tutelle aura certainement l’embarras de répondre, quand on sait que l’enseignement privé au Maroc est quasi-monopolisé par des lobbies dont les sympathies envers le parti au pouvoir, Parti justice et développement (PJD), ne sont plus à démontrer.
Pour s’en apercevoir, il n’est qu’à rappeler que l’ex-chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, avait fait « un cas d’école » en la matière!!
Et ce n’est pas tout!
Le ministère de l’Éducation nationale est lui-même « dominé » par des inspecteurs d’obédience islamiste. Pour se rendre à l’évidence, il n’est qu’à rappeler aussi la polémique qui faisait rage autour du contenu « takfiriste » des manuels scolaires édités par le département de l’Éducation nationale.
L’on comprend ainsi mieux pourquoi les parents d’élèves sont aujourd’hui livrés en proie à la cupidité vorace de « marchands » d’enseignement peu scrupuleux, lesquels veulent « le beurre et l’argent du beurre »: le beurre des cours « minutés » dispensés à distance aux élèves et l’argent du Fonds de gestion de la pandémie de coronavirus!!
Le bon sens veut que le ministre Amzazi se range du côté des parents et donc de l’élève pour régler cette crise, mais il ne l’a pas fait. Par manque de courage, ou d’esprit d’initiative, peu s’en faut.
Maintenant, question: le ministre attend-il que les parents d’élèves s’adressent directement au Roi Mohammed VI pour qu’il intervienne finalement? Est-il besoin de solliciter « l’arbitrage royal » sur une question qui relève simplement des prérogatives (non exercées!!) du département de l’Éducation nationale?
« Beaucoup de choses se disent sur les citoyens allant à la rencontre de leur Roi, sollicitant son assistance pour régler de multiples problèmes ou surmonter des difficultés. Si certains ne comprennent pas que des citoyens s’adressent à leur Roi pour régler des problèmes et des questions simples, c’est qu’il y a maldonne quelque part. Je suis évidemment fier de traiter directement avec Mon peuple et de régler ses problèmes simples. Je continuerai à le faire, toujours à leur service. Mais est-ce que les citoyens Me demanderaient d’intervenir si l’Administration faisait son devoir ? », s’interrogeait à juste titre le Souverain dans un précédent discours devant le Parlement.