L’étude du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur la « Stratégie nationale du sport à l’horizon 2020 » qui a été publiée dans le BO le 21 mai 2020 pointe du doigt essentiellement l’absence d’une politique publique dans ce domaine. Même si ce rapport touche à tous les aspects de la gestion sportive, il faut y voir beaucoup plus une compilation de données qu’une véritable étude approfondie sur le terrain. Ce qui n’enlève rien à son importance car toute compilation est par définition une base de données qui peut contribuer à l’élaboration d’une politique.
Ceci étant, cette étude, qui avait pour objectif d’évaluer la mise en œuvre de la « stratégie nationale du sport 2020″ élaborée en 2008 lors des Assises nationales du sport, est sortie de son contexte aussi bien dans la forme que dans le fond. Du coup, elle s’est enlisée dans des informations et commentaires superflus, dans des comparaisons inappropriées et dans le choix d’exemples disproportionnés par rapport à l’objet de l’étude.
Cette étude qui a été commandée par la Chambre des conseillers avait pour objectif d’évaluer la mise en œuvre de la stratégie sportive à l’horizon 2020 entamée en 2018. Comment peut-on évaluer en 2018 un programme qui devait se terminer en 2020 avec des données qui remontent à 2016? Encore faut-il préciser que le travail du CESE s’est basé sur des données théoriques en auditionnant quelques acteurs sportifs et en consultant un livre d’un auteur français et un audit de 2017 du ministère de la jeunesse et des sports (MJS)!? C’est quand même curieux qu’une étude sur une stratégie présentée par le MJS se base sur un audit interne réalisé par ce même département. C’est comme si l’Inspection générale des finances (IGF) se déplace pour contrôler une administration et se contente d’éplucher un audit interne élaboré par les services financiers de cette dernière.
Plus curieux encore, les membres de la commission des affaires sociales du CESE ont pris comme base de données le programme gouvernemental 2016-2021 présenté par le chef du gouvernement en 2017. Sauf que Saâd Eddine El Othmani a réservé dans sa déclaration un petit paragraphe à la politique sportive dans lequel il a promis de prendre des mesures telle la mise en œuvre de la stratégie nationale du sport, objet justement de l’étude du CESE. Une étude qui a pris en compte des promesses du chef du gouvernement disséminées dans un programme de politique générale étalé sur les années 2016/2021 ne paie pas de mine. Notez au passage le chevauchement des programmes au niveau sportif (2008/2020 et 2016/2021) qui dénote une confusion tant au niveau de la politique sportive du gouvernement qu’au niveau de la méthodologie suivie par le CESE pour réaliser son étude.
Autant dire que cette étude sur la stratégie sportive de dix ans est émaillée par plusieurs incohérences faute de données fiables et surtout sa fixation sur la théorie, voire la rhétorique au lieu de descendre sur le terrain pour mieux cerner les méandres de notre sport.
Le roi Mohammed VI n’avait-il pas décrit le dépérissement du sport national en des termes aussi crus dans son message historique adressé aux assises du sport en 2008: «Parmi les manifestations les plus criantes de ces dysfonctionnements dans le paysage sportif, l’on observe que le sport est en train de s’enliser dans l’improvisation et le pourrissement et qu’il est soumis par des intrus à une exploitation honteuse pour des raisons bassement mercantiles ou égoïstes » (…).
A suivre…