Qui veut salir la mémoire de Mohamed Choukri ?

«Twiza», Festival méditerranéen de la Culture Amazighe de Tanger, rendra hommage à Mohamed Choukri ce vendredi 26 juillet au Théâtre Riad Soltane. Une initiative aussi louable qu’elle émane de la ville d’adoption de l’auteur du «Pain Nu» et de « Le Temps des erreurs ».

Or, cet hommage n’en est vraiment pas un. Les préposés à l’organisation ont fait le pari de la provocation. C’est en tout cas ce qui ressort du thème de cette rencontre: Choukri «L’IMMORALISTE» !!!

Le choix du terme «IMMORALISTE» est incroyablement déplacé, même si ses auteurs ont pris le soin de le mettre entre guillemets. L’œuvre de Choukri est inclassable, insaisissable… autant que sa vie qui n’a pas été un long fleuve tranquille.

Par ailleurs, ce choix appelle une autre remarque. Il porte un «jugement» – sans appel – sur un auteur dont l’œuvre se prête à lire sous l’angle de la littérature et non sous le prisme de la morale. Mohamed Choukri n’avait surtout pas besoin d’un «certificat de bonne conduite» pour se lancer dans la littérature. Penser l’inverse revient à dresser des échafauds à la littérature.

Choukri a écrit ce qu’il pensait être la vérité sans rien cacher. «Je ne sais pas écrire sur le lait des oiseaux, la délicate étreinte de la beauté angélique, les grappes de rosée, la cascade des lions, les lourdes mamelles des femelles. Je ne sais pas écrire avec un pinceau de cristal. Pour moi, l’écriture est une protestation, pas une parade», écrit-il.

Une réponse par l’auteur lui-même aux avocats autoproclamés de « l’éthiquement correct ».