Par Sara BOUAZZA*
La gestion des ressources de l’économie bleue, qui signifie l’exploitation durable des ressources des océans, des mers, des lacs et des rivières, déterminera en partie la réponse que nous pourrions apporter à la problématique du réchauffement climatique, et du développement durable.
La mobilisation de la recherche et de la science pratique, y compris en matière de développement durable, est l’une des clés de ce changement.
Il est décisif de soutenir le développement et la diffusion des connaissances scientifiques sur les océans afin de produire les outils d’évaluation, de planification et de prospective, ainsi que le développement des stratégies d’adaptation pour les territoires côtiers et insulaires vulnérables, essentielles à une évolution vers des modes de vie durables.
Le Maroc dispose d’une façade maritime sur l’Atlantique, et une autre méditerranéenne et un climat divisé en sept sous-zones, déterminées par les différentes influences que subit le pays : influences océaniques, méditerranéennes, montagnardes, continentales et sahariennes qui mettent en valeur la diversification végétarienne nationale.
L’économie bleue semble être un secteur clef pour l’économie Marocaine, le sport, les loisirs et la préservation de la richesse biologique des eaux Marocaines. Néanmoins, nous proposons dans ce bref article un aperçu sur le potentiel des deux façades atlantique et méditerranéenne et les possibilités offertes par l’économie bleue pour son développement.
Le choix du thème: « L’économie bleue comme levier de développement durable du Maroc » est dû au fait que l’économie bleue est devenue en soi une option qui joue un rôle important dans les milieux maritimes d’un pays comme le Maroc.
Cette recherche part du postulat suivant: que peut offrir l’économie bleue à une ville maritime moyenne de l’Afrique du Nord, en l’occurrence Dakhla, à travers un investissement qui promeut les différentes donnes attractives locales dans une stratégie de croissance et d’emploi, contribuant ainsi au développement du Maroc. La ville de Dakhla, considérée comme « ville portuaire », appartient aussi à la région touristique du « Littoral ».
Le Maroc est donc tenu de soutenir l’économie bleue comme activité économique contribuant à l’éradication de la précarité sociale et un moyen de croissance économique.
Nous sommes menés à décortiquer les mesures déployées par le Maroc pour gagner le pari du développement durable à Dakhla, en tenant en compte d’une panoplie de facteurs et de diversité climatologique, minière, géographique, humaine et culturelle. Et en trouvant le meilleur équilibre pour asseoir un programme d’ouverture sur le continent africain tout en continuant sa chevauchée d’ouverture sur le monde.
- Satisfaire les attentes de la population, tout en réussissant une articulation optimale de la région de Dakhla. Avec son environnement géostratégique, en lui assurant un développement de l’écotourisme durable pour la lagune de Dakhla.
- Faire du tourisme balnéaire à Dakhla, un secteur de développement durable, en mettant en comparaison le cas d’autres pays riverains ou celui des Iles canaries à titre d’exemple en ce sens qu’il est cheval entre l’Europe et l’Afrique.
Tourisme balnéaire
Le tourisme génère directement et indirectement une augmentation de l’activité économique dans les endroits visités, essentiellement en raison de la demande de biens et de services produits par les visiteurs. L’industrie touristique induit un intérêt économique et impacte la balance des paiements, et une source de devises étrangères.
Les Outils: Le Maroc a une grande variété de paysages et une densité d’habitats naturels, avec des conditions qui permettent la réalisation de programmes de tourisme de nature et maritime. Le territoire marocain est composé de zones classifiées avec beaucoup de valeur naturelle et de biodiversité en termes de flore, de faune et de qualité des paysages et de l’environnement. La gastronomie, l’offre hôtelière, la sécurité et la sûreté, l’accueil et la sympathie des gens constituent également les valeurs qui définissent une bonne promotion touristique au Maroc.
A l’origine, l’économie bleue est un modèle économique conçu par l’entrepreneur belge Günter Pauli qui prétend suffire aux besoins de base en valorisant ce qui est disponible localement et en s’inspirant du vivant. Ce concept est considéré comme la nouvelle frontière du développement économique des ressources maritimes. L’économie bleue à un impact positif sur le tourisme et le transport maritime, où la croissance pourrait être forte dans des secteurs tels que l’énergie offshore (gaz naturel, pétrole, éolien), le tourisme maritime et côtier, les infrastructures maritimes et portuaires. La pêche industrielle et artisanale ainsi que l’aquaculture représentent à leur tour, une source d’employabilité non négligeable.
Le cadre réglementaire qui régit le développement du littoral et les eaux continentales
En 2011, le Maroc a élaboré une réforme constitutionnelle qui a fait la part belle à l’opérationnalisation du développement durable. En effet, il existe une panoplie de textes réglementaires qui encadrent le développement des richesses naturelles à l’échelon local et régional. Le Maroc a développé un texte législatif important qui est la Loi 49-175 du 08 Août 2020 (abroge la loi 12-03 du 12 mai 2003). Le but de cette législation est de minimiser l’impact négatif de projets et améliorer la durabilité écologique.
La loi relative au littoral, (n° 81-12) est entrée en vigueur en août 2015, ce qui constitue un véritable point de départ d’une réflexion profonde sur l’aménagement des côtes et le Dahir nº 1-03-59 portant promulgation de la loi nº 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement, qui a pour objet d’édicter les règles de base et les principes généraux de la politique nationale dans le domaine de protection de la nature et des ressources naturelles (sol et sous-sol, faune, flore , biodiversité, eaux continentales, ressources marines et littoral, campagnes et zones montagneuses, aires protégées).
Le décret n° 2-17-256 exige de chaque entité en charge d’un service public (administration, collectivités territoriales, etc.) de mettre en place une structure en charge de recevoir et de traiter les plaintes des usagers et de documenter ce traitement. Cette structure doit être dotée de la compétence et des moyens logistiques pour accomplir efficacement son travail ; le ESES et programme de l’économie bleue PEB constituent les cadres de référence de toute action gouvernementale.
Dans le programme gouvernemental, l’économie bleue doit être présentée comme un cadre de développement intersectoriel global pour les zones côtières et marines, où les secteurs et les régions coopéreront pour maximiser les avantages de l’utilisation durable des actifs marins et côtiers. Une stratégie nationale d’économie bleue définira la vision du programme, les objectifs à long terme et les orientations générales. Durant la phase initiale, le programme sera guidé par les stratégies sectorielles ainsi que les recommandations du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). Le programme gouvernemental de l’économie bleue (PEB), comprendra des interventions politiques et des investissements, qui seront accordés en fonction des potentiels de chaque région. Le programme incitera les investisseurs nationaux et étrangers à développer l’économie bleue et à soutenir les partenariats public et privé. Une première phase du programme gouvernemental a débuté en 2021 en agrégeant les budgets programmes ministériels (2022-2026), avec un montant estimé à 2 milliards de dollars américains, conformément aux activités proposées dans leurs plans budgétaires respectifs (projets de performance – PDP).
Tourisme et loisirs à Dakhla et autres villes du Littoral
La notion de « produit touristique » est liée à des types spécifiques, tels que le tourisme culinaire, l’écotourisme, le tourisme urbain, le tourisme « soleil et sable », l’agrotourisme, le tourisme de santé, le tourisme d’hiver, etc. Cette classification est de plus en plus utilisée comme instrument de marketing.
Depuis 2016, Dakhla organise le Forum Crans Montana, une manifestation qui a attiré des centaines de milliers de responsables et décideurs internationaux. Il s’agit ici de capitaliser sur de tels événements pour convertir ces visiteurs en touristes et allonger leur séjour à Dakhla.
L’aménagement
Le potentiel touristique du littoral marocain (Tanger, Saïdia, Nador, Larache, Mazagan, Essaouira, Agadir, Dakhla), forme un projet réaliste de pôle de villégiature et de loisirs. Au niveau attractif, toutes ces villes possèdent un atout à partir de l’infrastructure solide jusqu’à la gastronomie, l’artisanat, les musées, les lieux de loisir et de distraction, des évènements culturels et une offre hôtelière adéquate.
Les canaux de communication
La région de Dakhla dispose d’entreprises ayant un savoir-faire dans leurs domaines respectifs (établissements hôteliers, restaurants, structures de divertissement et musées), une tendance qui se confirme avec l’usage de plus en plus des nouvelles technologies, comme l’Internet, et les TIC (Facebook, youTube, Twitter ou Trip Advisor) qui constituent les principaux réseaux de recherche d’informations sur une destination ou service touristique. Par le recours aux technologies de l’information, la jeunesse africaine pourrait contribuer significativement par l’innovation et à la création de la société du savoir de demain. Le tourisme est donc sans nul doute, une activité transversale, avec une forte incidence du territoire, couvrant une multitude d’agents touristiques au croisement de secteurs qui dépendent de sa durabilité économique, sociale et environnementale.
Le tourisme balnéaire, un atout pour le développement de Dakhla et Région
Depuis les années 90, les pouvoirs publics ont revalorisé l’offre balnéaire, et à l’occasion du plan Azur, de nouveaux complexes ont vu le jour; la Station Mediterrania Saïdia, le Port Lixus, Mogador Essaouira, Taghazout-Argana Bay, Mazagan Beach Resort, Plage blanche-Guelmim.
Mais, les côtes sahariennes drainent désormais un tourisme saharien avec ses variantes, sport nautique et incentive.
La lagune de Dakhla et ses plages: Lassarga, Legzira, Porto Rico, la plage idyllique d’Aarich, la plage de Foum Labouir, la plage de Laâyoune (500 km au nord de Dakhla).
La diversité des motivations des visiteurs et des attractions des destinations mène à établir des relations entre les différents types de tourisme, a fortiori dans une région si réputée que Dakhla.
L’expérience des Iles canaries est-elle un exemple ?
L’objet n’est pas de copier une expérience réussie, mais de s’inspirer d’un modèle à cheval entre l’Europe et l’Afrique; les îles Canaries relevant de la souveraineté espagnole, mais situées dans l’hémisphère sud et font face à la côte marocaine. Considéré comme un outil d’amélioration de la performance, le Benchmarking permet de prendre les bonnes décisions en tirant profit d’expériences précédentes.
Cette étude nous permettra de révéler le produit canarien d’abord à travers ses caractéristiques touristiques ; Las Palmas de Gran Canaria a reçu près de 4,5 millions de touristes avec une entrée de devises de près de 5 milliards d’euros, et l’ensemble des iles reçoit jusqu’à 14 millions de touristes, avec des revenus générés avoisinant les 12 milliards d’euros (estimation 2018). Grâce à l’apparition du tourisme de masse, de charters et des vols low-cost. où le tourisme est mêlé aux activités urbaines traditionnelles. Mais ce sont les stations touristiques (grands complexes intégrés) qui se développent de plus en plus, comme des établissements isolés ou « urbanizaciones » de nature variée.
Il est certain que les apports de l’économie bleue et du tourisme balnéaire sur le développement local des petites et moyennes villes maritimes, génèrent des retombées positives sur plusieurs secteurs à savoir l’économie, l’agriculture, le développement social et le tourisme. L’économie bleue, en effet, offre une panoplie de produits dans le domaine touristique et balnéaire, celui de la production des pêcheries qui est en soi un facteur de développement local. A Dakhla, nous avons pu analyser son importance pour le Maroc et ses stratégies. Nous avons également fait référence aux constructions locales en cours ou en vue d’aborder de manière plus approfondie les capacités du secteur du tourisme dans la région de Dakhla.
Nous pouvons ainsi conclure que la ville ne soit plus recherchée par rapport uniquement à sa richesse patrimoniale. Il faut que les responsables politiques de tous bords rejoignent les professionnels autour de thématiques porteuses. Les professionnels du tourisme et du secteur privé peuvent, avec l’aide des pouvoirs publics, trouver un meilleur moyen pour que la ville de Dakhla soit en passe d’être connue non seulement par les événements qui s’y réalisent annuellement, mais aussi et surtout par la richesse de son potentiel touristique et écologique. Il faudrait aussi sensibiliser la population locale pour que le touriste se sente comme chez lui, ce qui est très simple à faire au niveau de la ville de Dakhla, en évitant les erreurs constatées dans d’autres contrées où les nuisances multiples et répétées (faux guides, mendicité, vol à l’arrachée, etc.) ont fini par ruiner toute une destination. Il serait de bon conseil de créer une structure de suivi et de veille pour accompagner le développement du secteur du tourisme et qui fasse en sorte que ce secteur soit considéré comme un levier de développement local dans les moyennes villes, comme c’est le cas de Dakhla.
* Docteure en sciences politiques et droit international