​LATIFA AÏT-BAALA, DÉPUTÉE BELGE D’ORIGINE MAROCAINE, REND HOMMAGE À FEU ABDERRAHMANE YOUSSOUFI

Il restera celui qui dans les cœurs et les esprits, a «préféré l’option patriotique aux calculs partisans», au moment où le Maroc était sous la menace d’une «crise cardiaque». C’est aujourd’hui une Nation endeuillée que laisse derrière lui Abderrahmane El Youssoufi, ancien Premier ministre, et je tiens en ces moments particuliers à marquer ma parfaite communion.

Dans son discours chargé d’amertumes, prononcé à Bruxelles, le 25 février 2003, Abderrahmane El Youssoufi nourrissait pour le Maroc «l’espoir de voir la possibilité de réalisation du rêve de la transition sereine et tranquille à la Démocratie».

Premier ministre du gouvernement d’alternance, du 14 mars 1998 au 6 novembre 2002, Abderrahmane El Youssoufi aura d’abord été une grande figure du mouvement national, un fervent défenseur des droits humains et de la démocratie, et un opposant de la première heure. Sa nomination par feu le Roi Hassan II est non seulement emprunte d’une forte charge symbolique mais elle est extrêmement judicieuse. Hassan II se rallie l’opposition et confie les commandes à un Homme d’Etat dévoué corps et âme pour sa patrie.

Icône de la transition historique, l’Homme d’Etat a su imposer son empreinte dans toute une série de domaines à un moment critique de l’histoire du Maroc tant sur le plan national qu’à l’international.

Réduction de la dette extérieure, augmentation de la part du budget général de l’État alloué aux secteurs sociaux (de 41 à 48%), augmentation du taux d’électrification de 27 à 50%, édification d’un arsenal juridique et de décrets en matière d’éducation, de formation, d’assurance maladie obligatoire, de liberté d’expression et de la presse, mise en place d’un haut conseil à l’audiovisuel,.. sont autant d’actifs à mettre à l’honneur de l’ancien Premier Secrétaire de l’USFP.

Abderrarmane El Youssoufi a été de tous les grands combats du siècle pour la libération des peuples du joug de la colonisation. Il était ce fin diplomate pour qui l’avenir du Maghreb se conjuguait aussi par son unité, son africanité et l’intégrité territoriale débarrassée des séquelles du conflit artificiel du Sahara.

Mais les positions liberticides des membres USFP du gouvernement actuel, laissent craindre qu’ils ne s’éloignent des enseignements du leader El Youssoufi, fervent défenseur des droits démocratiques et des libertés individuelles.

Il quitte ses fonctions un 6 novembre et laisse place à une Marche, vers ce qu’il espérait être une transition démocratique. Il s’est éteint un 29 mai, Journée Internationale des Casques bleus des Nations Unies… tout un symbole !

Abderrahmane El Youssoufi aura forcé le respect et l’admiration de ses plus farouches adversaires. Tous s’inclinent devant cette figure emblématique qui aura gagné le pari de la préservation de la stabilité du pays.

Puisse-t-il reposer en Paix !