POUR UN DÉCONFINEMENT DES MENTALITÉS

Nonobstant leur aspect dramatique, les crises ont cela de bon qu’elles font souvent ressortir le meilleur de nous-mêmes en tant qu’individus et peuvent être le déclic pour une nouvelle dynamique dans les sociétés ; ou bien le contraire.

Tout le monde y va de son commentaire sur le monde d’après, alors que des crises majeures l’humanité en a vécues, sans pour autant remettre en cause son modèle profondément mercantiliste.

L’idéalisme et/ou l’utopisme ont cela de bien qu’elles nous poussent à tendre vers le meilleur, si ce n’est pour nous à tout le moins pour nos enfants ; et avec cette optique penser l’après-corona est nécessaire.

L’impact socioéconomique de la crise est encore une inconnue, avec par ricochet les bouleversements potentiels des équilibres économiques même si l’on assiste déjà à une dynamique de mise à niveau de plusieurs secteurs vitaux.

Un secteur secondaire axé sur la sous-traitance ou le protectionnisme dont on ne soupçonnait pas les potentialités d’ingénierie, un enseignement public qui entame bon gré mal gré le virage digital, à l’instar du champ médiatique et d’autres encore.

La conscience qui s’est aujourd’hui enracinée que notre domaine de la santé regorge de compétences loin d’avoir les infrastructures nécessaires ; et que la dynamique de désengagement étatique est à revoir.

Cette même logique privative en vigueur dans l’enseignement ne devrait plus être encouragée, puisque notre Maroc contemporain a été construit par les enfants de notre école publique.

Cette même école publique dont même le plus bien intentionné des analystes constate la faillite se met faute d’alternative à l’ère du temps avec ses moyens limités ; ce qui ne peut que nous pousser à regretter qu’elle n’ait pas eu une attention prioritaire à la hauteur de ses missions.

Peut-être y aurait-il eu un confinement généralisé respecté plus strictement si les esprits avaient été nourris de savoir et entretenus de nos valeurs communes et universelles.

Le Maroc des compétences devrait entamer un réelle introspective, sereinement et frontalement, en capitalisant sur le volontarisme des Marocains qui l’ont plus que prouvé durant cette période inédite.

Nourrir et entretenir ces mêmes compétences que l’on cherche désespérément en temps troubles est une mission souveraine, qui ne peut être uniquement le fait des logiques de capital.

Les politiques ultralibéralistes auxquelles le Maroc a depuis longtemps souscrit, ont montré leurs limites même dans les pays qui s’en font les plus fervents défenseurs.

Une même logique qui ne devrait pas influer sur le discours politique qui se teint parfois de complaisance, alors que le rôle régulateur de l’Etat est de tout temps nécessaire ;  la main invisible étant plus un concept du fait d’Adam Smith le philosophe que l’économiste.

En tout état de cause, une large frange du patronat s’est montrée solidaire au début de la crise, malgré quelques tentatives teintées d’opportunisme assez rapidement tues.

Par ailleurs, le plus frappant bien évidemment est le retour dans la place publique de la plus symbolique des représentations régaliennes de l’Etat ; les institutions sécuritaires.

Celles-ci, tant sur le fond que sur la forme, ont été à la hauteur des défis ; avec leurs remarquables actions sur le terrain doublées d’une communication adéquate.

Cette mobilisation au service des citoyens, qui a de tout temps toujours été leur raison d’être, devrait servir de modèle à toutes nos institutions pour s’inscrire dans une réelle ère post-corona.

Rappelez-vous, l’actu avant-Corona se cristallisait autour d’un nouveau modèle de développement, dont cette crise aura probablement le mérite d’avoir nourri les réflexions et orientations.