Des chiffres et des hommes

Une simple lecture des derniers chiffres nationaux de la pandémie nous éclaire sur l’ancrage assez régionalisé des cas identifiés ; avec en tête de liste l’axe urbain de la région de Casablanca-Settat, ce qui se comprend vu la densité démographique de ladite zone géographique.

Sujets déjà évoqués dans Le Collimateur, les actions menées par les autorités, malgré quelques dysfonctionnements, sont à saluer et sont la résultante de choix politiques courageux ; eu égard à notre fragilité socioéconomique.

Nous le savons tous, le choix qui est fait actuellement est celui de la prudence et donc une reconduction du confinement généralisé ; malgré une disparité flagrante des cas identifiés dans les quatre coins du royaume.

Les autorités ont dès le début engagé une large campagne de sensibilisation destinée à la population, tous supports médias confondus, avec un discours simple appelant à une conscience citoyenne et solidaire.

Soit, mais le discours politique (surtout) en temps de crise se doit de s’adapter aux fluctuations et changements qui ne manquent pas de survenir ; ce qui est loin d’être le cas présentement.

Selon les informations concernant l’évolution du virus, il y a une augmentation significative des « foyers » qui au départ se limitaient presque exclusivement aux ménages ; pour maintenant concerner de plus en plus les zones industrielles.

Et sans vouloir en covider une couche, le discours ambiant reste focalisé sur les couches dites populaires ; avec à l’appui des vidéos et photos de rassemblements de la populace prouvant l’inconscience d’une frange de nos concitoyens.

Ces masses participent ainsi au prolongement du calvaire de nous autres bien pensants confinés, par leur non-respect d’une distanciation sociale nécessaire, en sus d’une raison valable de sortie.

Loin d’adopter une logique de comparaison, notons que cette même distanciation dans plusieurs pays dits développés est loin d’être respectée par les populations, pourtant appelée et rappelée à être respectée également en période post-confinement.

Sans banaliser ou justifier des comportements sociaux inadéquats et imprudents toutes nationalités confondues, quand on analyse pourtant de plus près les chiffres de la région Casablancaise, les principales contaminations sont concentrées dans les quartiers industriels et huppés.

Quid donc de ces inconscients qui partent faire leurs courses et vendre à la sauvette quelques produits de première nécessité pas forcément pour l’acheteur mais plutôt le vendeur ; sous l’œil des autorités qui quadrillent sans y mettre le holà.

Une interdiction pure et simple des marchés populaires est en soi problématique, et en l’absence d’étude sérieuse nous ne pouvons approfondir l’impact pandémique de ces « rassemblements » ; mais nous savons par contre que des unités industrielles sont la cause de maintes contaminations.

Et pourtant, aucune réaction ni annonce officielle sur le sujet, révélateurs d’une réelle complaisance cette fois-ci vis-à-vis du patronat marocain, qui ne le nions pas, est un pilier majeur de notre économie.

Néanmoins, est-ce une raison valable de continuer à orienter un discours unique aux relents de procès d’intention teinté de moralisation superficielle à destination de nos concitoyens qui ne respecteraient pas un confinement strict ; en bref une oraison caractéristique d’une fracture sociale.

Une gestion de crise ne doit en aucun cas se résumer à une chasse aux sorcières visant des citoyens qui vivent souvent dans des conditions précaires, à l’instruction limitée et aux perspectives réduites ; résultats de politiques publiques appelées prochainement à être rebâties.