Comment Emmanuel Macron a mangé son béret au Niger

Invité hier soir sur TF1 et LCI, Emmanuel Macron a annoncé le retour « dans les prochaines heures » de l’ambassadeur français à Niamey, Sylvain Itté, et le départ des troupes françaises d’ici à la fin de l’année. Une spectaculaire volteface après les fanfaronnades creuses du président « jupitérien » qui s’était juré de chasser les putschistes. Sur cette volteface, une de plus, Vincent Hervouët, chroniqueur dans la matinale d’Europe 1, a été on ne peut plus acerbe. Voici son édito.

« Oui, È finita la commedia. Pendant deux mois, l’Elysée aura fait semblant de croire que le président Bazoum allait remonter sur son trône, les voisins de la Cedeao allaient le remettre en selle, les Nigériens allaient se réveiller, les occidentaux allaient rester unis, les putschistes allaient s’entretuer… autant de paris perdus! Aucun Nigérien n’est descendu dans la rue pour dénoncer le coup d’Etat, pas un Etat africain n’est prêt à mourrir pour le président Bazoum, les Français non plus n’en ont pas fait semblant. 26 juillet-24 septembre, deux mois à s’entêter, un véritable bêtisier.

 

 

Les services de renseignement français n’ont pas vu venir le putsch, difficile à croire mais vrai, ensuite Paris n’a pas osé stopper les putschistes, après tout, il y avait des moyens de le faire. Contente de les dénoncer avec hauteur, c’était l’erreur à ne pas commettre, la France ne tolérera aucune attaque contre ses intérêts, menace l’Elysée, au lieu de préserver ses intérêts et ménager l’avenir. On pose un ultimatum à la junte, déguerpir avant le 6 août, le bluff fait pschitt et la France est piégée. Elle s’est encore obstinée. Le 17 septembre, Emmanuel Macron jure qu’un déploiement sur place ne sera décidé qu’à la demande du président Bazoum. Il ne l’a toujours pas réclamé mais on va partir quand même. Le 15 septembre, Emmanuel Macron dénonce la prise d’otage de l’ambassadeur le plaignant amèrement d’avoir à se nourrir de rations alimentaires mais c’est lui qui maintient Sylvain Itté à son poste en le condamnant à un absurde forche à brol alors que les putschistes l’ont déclaré persona non grata. L’ambassadeur n’a servi à rien mais peut sortir la tête haute. On entend rire les généraux nigériens qui n’ont pas eu à tirer un coup de feu pour qu’on leur obtempère. On refusait tout contact avec eux mais il va falloir les ménager pour replier les 1.500 soldats qui sont sur place. Hier, ils ont ajouté le coup de pied de l’âne en interdisant à Air France le survol de leur territoire ».