Plus jamais je ne me plaindrai, lorsque je traverserai la circulation casablancaise habituelle, je le ferai avec gratitude, patience et conscience (Par Naamane Ghizlane, Présidente de l’association Riad Al Amal)

Par Naamane Ghizlane*

Trente kilomètres en montagnes, sur une route non goudronnée, dégageant une poussière étouffante, pour ceux qui pensaient respirer la nature, que de s’enfermer dans leur climatisation, assez étroite pour ne laisser passer qu’une voiture à la fois, ce qui veut dire qu’à chaque fois qu’une voiture arrivait dans le sens contraire, fallait faire marche-arrière pour trouver un endroit où il serait possible de passer à deux, sur une colline assez haute, à ne pas tourner la tête vers les ravins et être prise de panique.

Pentes, altitudes, arbres penchées frôlant le capot de voitures, grosses pierres, cavités dignes d’un passage de volcan Etna, faut surtout pas être sujette aux vertiges ni aux phobies du vide ou d’altitude, pour conduire jusqu’à Mzouda à Chichaoua, une région touchée par le séisme du 08 Septembre, dont seulement les maisons se sont effondrées sans laisser de victimes, à part quelques blessés, mais l’impact moral, psychologique et économique sur les habitants encore traumatisés par cette catastrophe est important.

 

 

Quatre voitures 4×4, un bus scolaire et un camion plein à craquer, ce dernier tellement haut qu’il a d’abord été pris dans un poteau d’électricité, ensuite dans un énorme arbre.

J’avoue que le spectacle était des plus drôle mais fallait défaire les dizaines de matelas que transportait le camion du poteau et de l’arbre.

Une dizaine de personnes d’un petit village se sont ruées sur le camion, pour défaire le camion du poteau, grimpant comme des « spidermans » en haut de ce dernier, qui faisait plus de trois mètres de hauteur, on dirait que ces gens-là faisaient de l’acrobatie dans un cirque, la manière par laquelle ils montaient et redescendaient sur le toit du camion, on dirait un toboggan, un spectacle des plus impressionnant.

Encore une fois la solidarité prône, lorsque les responsables appellent leurs membres qui les avaient précédés, pour les aider, après avoir résolus le problème du poteau et accrochés le camion de nouveau à un arbre historique digne d’un film hollywoodien de westerns tourné au Texas.

Puisque nous étions en pleine montagne, sur ce passage il n’y a pas âme qui vive, donc un appel à l’aide aux membres a été lancé pour revenir rejoindre le camion, c’est en cet instant précis que j’ai compris que nous étions un peuple unique:

Pendant que l’équipe qui avait précédé, se demandait comment allaient ils faire demi-tour dans ce sentier étroit, pour retourner aider le camion, par hasard un gars sur une moto passe à côté, il s’arrête et en fraction de seconde, un langage mi- yeux, mi- geste, soutenu de deux paroles et un « serré la main », deux gars de notre équipe étaient déjà partis sur la moto déglinguées du passager, disparus dans la poussière de la terre rouge, laissant le passager, laissant leur voiture, zigzaguant sur les pistes dangereuses sans se retourner, pour réapparaître trente minutes plus tard, avec le camion, le reste du cortège, la moto en parfait état dont le propriétaire figé, là ou ils l’ont laissé avec un sourire, une sérénité et une patience digne d’un patriote dévoué et engagé.

L’école Jeanne d’arc, ses élèves rotaract, son directeur monsieur Guessous Ahmed, en collaboration avec l’association Riad al amal, ont organisé cette aventure inoubliable, à Mzouda, qui d’abord était une action de solidarité et de soutien.
Je félicite ces jeunes de l’école Jeanne d’arc pour leur esprit de solidarité et leur dynamisme animés par leur directeur qui les présidait dans une ambiance familiale extraordinaire, digne d’un grand pédagogue.

*Présidente de l’association Riad Al Amal