Pas moins de 64 personnes sont tombées dans la double attaque terroriste qui a visé hier jeudi « le bateau Tombouctou » sur le fleuve Niger et « une position de l’armée malienne » à Bamba, située dans le région de Gao, nord du Mali.
Cette double attaque terroriste a bel et bien été revendiquée par le « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » (GSIM), sur sa plateforme de propagande Al-Zallaqa. Elle marque ainsi un retour sanglant de ce groupe né en 2017 de la fusion d’ »Ansar Dine » d’Iyad Ag Ghali, ancien rebelle touareg, et de « Katibat Al-Mourabitoune » de Mokhtar Belmokhtar, ancien militaire algérien.
L’émir du GSIM, Iyad Ag Ghali, un « protégé » des services algériens?
Après avoir connu le Paris branché, la Libye de Kadhafi, les beaux quartiers de Bamako, cet ancien rebelle touareg est revenu s’enfermer d’abord dans le désert algérien, précisément la région du Hoggar, où il s’était acoquiné avec l’ancien chef de la milice séparatiste Mohamed Abdelaziz, mort en 2015 des suites d’un cancer dans une clinique américaine.
Il s’est ensuite déplacé dans le nord du Mali, précisément à Gao, d’où il a lancé, à la faveur d’un coup d’État militaire le 22 mars 2012 contre le président Amadou Toumani Touré, une offensive contre la capitale malienne, avec la complicité des services algériens. En 2016, il avait échappé à une tentative occidentale de « neutralisation », pour être hospitalisé dans un établissement algérien de Tamanrasset.
« Iyad Ag-Ghali a une longue histoire de relations avec les services algériens. Alors qu’il dirige en 1990 une guérilla touareg d’inspiration nationaliste, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) parraine à Tamanrasset sa réconciliation avec des représentants de Bamako », certifie le quotidien français « le Monde » dans un article paru le 29 juillet 2018.
« Les spécialistes du jihadisme au Sahel s’accordent à penser qu’Iyad Ag Ghali n’aurait certainement pas pu survivre, et encore moins tisser sa toile dans toute la région, s’il ne disposait pas de « facilités » en Algérie », ajoute la même source.
Disparu des écrans radar, Iyad Ag Ghali est réapparu en janvier 2023 dans une vidéo tournée dans la région de Ménaka et diffusée le 23 janvier 2023 par Az-Zallaqa, l’organe de propagande du JNIM (acronyme arabe du GSIM). Il voulait montrer qu’il était toujours puissant malgré la rude concurrence que lui impose « l’Etat islamique au Grand Sahara » (EIGS), dont le fondateur n’est autre qu’Adnane Abou Walid al-Sahraoui, ancien milicien du « Polisario » neutralisé en 2021 lors d’une frappe de la force « Barkhane ».
La fusion de son groupe « Ansar Dine » avec des forces d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, dont « Katibat Al-Mourabitoune » de Mokhtar Belmokhtar, avait été dictée par le souci de contrer l’influence de l’antenne sahélienne de « DAECH », qui a surpassé AQMI sur l’échelle de l’horreur.