La Kabylie doit être libre de ses choix (Par Marco Baratto, politologue italien)

Par Marco Baratto*

Le 9 janvier 2023, dans l’indifférence la plus totale, le site d’Amnesty International dénonçait que « les procès de 54 personnes condamnées à mort en relation avec les événements survenus en août 2021 en Kabylie, une région du nord-est algérien, dont le lynchage d’un militant, sont entachés de violations des garanties d’une procédure régulière et d’allégations de torture, alors qu’au moins six des accusés ont été poursuivis en raison de leurs affiliations politiques. Parmi eux, 54 personnes, condamnées à mort en procédure collective en novembre 2022, cinq ont été jugés par contumace, dont une femme.

Selon la décision rendue par la section des poursuites du tribunal d’Alger, qu’Amnesty International a analysée, au moins six ont été poursuivis en raison de leurs liens avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), formation politique désignée comme « terroriste » par les autorités algériennes en juin 2021. Cinq ont déclaré au tribunal avoir été soumis à la torture ou à des mauvais traitements en détention (amnesty.org/fr/latest/news).

Le plus absurde de tous est le silence assourdissant entourant la situation en Kabylie. Une indifférence totale, due notamment aux besoins croissants de l’Occident en hydrocarbures. La Kabylie, contrairement à d’autres pseudo-conflits, astucieusement alimentés pour des raisons internes, est une région qui historiquement peut pleinement se prévaloir de sa propre tradition d’autonomie par rapport au reste de l’Algérie. Une autonomie culturelle, étant majoritairement amazighe, une autonomie également politique, démontrée par le fait qu’à l’époque ottomane cette région non seulement est restée substantiellement indépendante, mais a aussi donné naissance à de véritables royaumes comme celui de Kuku ou celui des At Abbas. La Kabylie ne s’oublie pas, la situation de la population amazighe est dramatique. S’il est vrai que nous avons besoin de gaz algérien, du moins demandons en échange un plan efficace d’autonomie, d’abord, et éventuellement d’autodétermination de la Kabylie. 

*Politologue italien